[Critique] La vérité: lourd fardeau

Après La lâcheté, thriller psychologique de qualité réalisé en 2006, Marc Bisaillon revient avec ce deuxième volet de l’exploration des sentiments humains.

La vérité de Marc Bisaillon (Pierre-Luc Lafontaine et Émile Mailhiot ©Camera Oscura)

La vérité de Marc Bisaillon (Pierre-Luc Lafontaine et Émile Mailhiot ©Camera Oscura)

Ici, on s’attaque à la recherche de la vérité, ou autrement dit, comment la culpabilité de l’un peut-elle mener à la découverte de la vérité. Dans ce drame réaliste, on assiste au basculement de Gabriel, un garçon bien sous tous rapports, qui a de bonnes notes, qui est relativement sage et qui aime sa mère et son père. Mais ces belles qualités s’envolent un samedi soir de beuverie alors qu’avec son chum Yves, une infraction de domicile finit en accident mortel.

Soudain donc, le gentil garçon bascule en quelque chose de criminel, de briseur de vie, sans raison, juste par la faute d’une soirée trop arrosée. On a presque envie de l’excuser et de passer à autre chose. Mais, le remords le tenaille et bien que l’enquête policière ne le condamne pas, Gabriel se rend et donne Yves, son ami et complice, qui se fait arrêter peu après. Le sentiment de culpabilité a donc finit par l’emporter et permet à la vérité de sortir au grand jour.

La vérité se déploie autour d’un sens mesuré des dialogues, renforcé par le naturel et la complicité des comédiens. Marc Bisaillon ne prend pas ses jeunes pour des victimes d’un système quelconque, il place le drame dans le cadre d’un simple accident, d’une erreur de jeunesse, sous l’emprise de l’alcool, certes, mais sans justification ni excuses.

L’opposition entre le jeune pris de remords et son ami plus insouciant, qui se pousse pour ne pas rater une belle carrière, peut alors se mettre en place. On assiste aux tourments de Gabriel, forcé à accepter l’inacceptable à son corps défendant. À ce moment du film, une rupture de ton survient et on se perd un peu. Une gentille histoire d’amour évidemment impossible avec une jeune camarade de classe nous fait presque basculer dans la bluette romantique. Le rythme se perd et l’histoire se dilue. Il m’a donc fallu redoubler d’attention pour ne pas perdre l’intérêt. Mais la fin du récit est suffisamment troublante pour remettre sur la route le spectateur égaré que j’étais.

La vérité est un film réaliste qui ne porte pas de jugement et ne cherche pas d’excuses aux actes irréversibles de deux jeunes sous l’emprise de l’alcool. La vérité est donc à voir pour plusieurs raisons, dont entre autres, sa distribution de qualité, complice et naturelle, sa musique qui accompagne bien le récit et sa construction narrative adroite et précise.

titrefilm – Québec, 2010, 1h31 – Lors d’une soirée trop arrosée, deux jeunes tuent accidentellement une personne. L’un d’eux ne pourra retenir le besoin de laisser sortir la vérité – Avec: Pierre-Luc Lafontaine, Émile Mailhio, Geneviève Rioux – Scénario et Réalisation: Marc Bisaillon – Production: Christine Falco (Camera Oscura) – Distribution: Filmoption International

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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