[Critique] Pour l’amour de Dieu: tiède passion

Le scénario aurait pu éviter certains effets de style douteux et s’ouvrir sur la folie de la passion pour illustrer cette brûlante histoire d’amour interdit.

Madeleine Péloquin dans Pour L'amour de Dieu de Micheline Lanctôt

Madeleine Péloquin dans Pour L’amour de Dieu de Micheline Lanctôt

Deux ans après Suzie, une histoire d’enfant délaissé par ses parents, Micheline Lanctôt remet l’enfance au menu de son nouveau film, Pour l’amour de Dieu. Cette fois, une fillette se retrouve au cÅ“ur d’une passion amoureuse interdite dans le Québec de 1959. Un triangle amoureux qui bénéficie d’une technique maîtrisée et d’une reconstitution parfaite.

Bien que l’histoire de Pour l’amour de Dieu soit purement fictionnelle, elle est base sur une anecdote très personnelle de Micheline Lanctôt. Le film utilise aussi plusieurs souvenirs d’enfance pour illustrer le récit et fait donc une part importante aux propres anecdotes de la réalisatrice-scénariste pour livrer cette histoire d’amour défendu. La passion de  SÅ“ur Cécile et le père Malachy, un prêtre dominicain de passage, nous est contée à travers le regard de Léonie, une fillette mi ange mi démon, en tout cas fort jalouse car aussi amoureuse dudit père.

Située à la fin des années cinquante dans un Québec ultra dominé par la religion, l’intrigue de Pour l’amour de Dieu tire partie d’une très belle reconstitution d’époque, dont l’esthétisme vieillot ne souffre d’aucun reproche. Au cÅ“ur d’une technique maîtrisée, se trouve la photographie de Michel La Veaux, tout en couleurs chaudes du meilleur effet. Sans forcer l’opposition entre religion et laïcité, Mme Lanctôt parvient par petites touches à faire cohabiter les deux mondes de belle façon.

Le sang, symbole de la mort annoncée de ces deux amants interdits, est terriblement présent dans Pour l’amour de Dieu. Une symbolique forte et lumineuse. Toutefois, Le souffle qui anime cette passion interdite aurait mérité d’être un peu plus chaud et un peu plus fort pour laisser un peu plus d’émotions et d’empathie. Le parti pris de nous montrer les deux amants à travers le regard d’une personne extérieure s’avère ici être un choix limité puisqu’il éloigne le spectateur du cÅ“ur même de cet amour. On a donc beaucoup de peine à imaginer quel fut sa force, d’autant plus que les sévices que les deux amants s’imposent semblent démesurés (lui porte une ceinture avec des pointes lui rentrant dans la chair et elle tente le suicide). Un peu plus de proximité avec les personnages centraux n’aurait pas fait de mal.

Signalons aussi quelques choix scénaristiques discutables (le frère alcoolique de Léonie qui n’apporte pas grand-chose au récit, ce beau Jésus que l’on nous montre à foison) ou au mieux assez peu relevés (la bonne et la mauvaise conscience entourant Léonie dans l’autobus ou encore les scènes finales lorsque Léonie adulte retrouve SÅ“ur Sophie et l’emmène retrouver le père Malachy). Des choix regrettables qui viennent encore affaiblir le scénario.

En résumé

Pour l’amour de Dieu est un film à la facture classique du meilleur goût et arrive à éviter l’écueil du mélo larmoyant. Les excellents décors et la photographie subtile nous font véritablement replonger dans cette fin de duplessisme tenaillé par la religion. Toutefois Pour l’amour de Dieu reste un peu trop sage dans son approche et souffre d’une finale plus qu’anonyme.

Pour l’amour de Dieu – Québec, 2011, 1h32 – Montréal à la fin des années 50. L’histoire d’amour interdit entre une religieuse et un jeune prêtre dominicain de passage – Avec: Madeleine Peloquin, Victor Trelles Turgeon, Ariane Legault – Scénario et Réalisation: Micheline Lanctôt – Production: Lycaon Picture et Sherpa Film – Distribution: Métropole films

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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