Le retour de l’Immaculée Conception, premier long métrage d’André Forcier, sera présenté à la Cinémathèque québécoise le lundi 26 septembre 2022 à 18h30, dans une copie restaurée par Éléphant à partir du négatif original 16mm et du son magnétique sur bobine ¼ de pouce.
Ce sera une belle occasion de découvrir sur grand écran ce film de jeunesse qui fait aujourd’hui figure de précurseur. Je dis bien découvrir, car à l’instar de bon nombre de longs métrages québécois indépendants de l’époque, Le retour de l’Immaculée Conception n’a quasiment pas été vu. Ni à sa sortie en 1971, ni lors de ses rares projections subséquentes.
Vu le contexte de production, désargenté et amateur, la seule façon de monter le film a été de le faire par saynètes, créant ainsi un récit éclaté, désordonné pour ne pas dire sans queue ni tête, qui fut rafistolé au fur et à mesure d’un tournage échelonné sur deux ans à coup de séances de prises de vues effectuées selon les disponibilités des comédiens, évidemment tous non professionnels. Le film – tourné sur des restes de pellicule du film À tout prendre de Claude Jutra – a été terminé quatre ans après les premiers tours de manivelle donnés le 26 décembre 1967, alors que Forcier n’avait que 20 ans.
Comme le précise Éléphant dans son infolettre, Le retour de l’Immaculée Conception est cependant le précurseur de plusieurs caractéristiques que l’on retrouvera par la suite dans toute l’oeuvre de Forcier. Dialogues truculents, célébration de la marginalité, refus de devenir adulte, rapports amoureux troubles, etc., composent un univers créatif déjà sans pareil, que l’on pourrait résumer en une galerie de jeunes hommes québécois tannés de la vie, traînant leurs guêtres dans l’Est de Montréal, qui vont être mis à l’épreuve par deux femmes aux tempéraments diamétralement opposés.
Le retour de l’Immaculée Conception, un film foutraque, mais certainement beaucoup plus libre et plus évocateur de son époque que bien d’autres productions plus ambitieuses des années 1960. Pas le plus intéressant de Forcier, mais tout de même passionnant à revoir un demi-siècle après sa naissance.
Voir quelques photos du film sur le site d’Éléphant.
