L’ange de goudron est le deuxième long métrage de Denis Chouinard après Clandestins réalisé en 1997 et récipiendaire de très nombreux prix dans le monde. Ces deux films ont en commun le thème central de l’immigration, un sujet sensible dont Chouinard s’est fait l’apôtre et qui reste quasiment ignoré dans la cinématographie québécoise.
Présentation du film par son réalisateur [1]: Avec L’Ange de goudron, j’ai voulu montrer le courage et la situation précaire dans laquelle vivent ces familles qui quittent tout pour venir tenter leur chance auprès de nous. Au départ, je souhaitais donner suite à mon film précédent, Clandestins, qui traitait du sort des passagers clandestins cachés à bord des cargos en partance vers les pays du monde  » privilégié « . Je voulais saisir les premiers pas – fragiles – qu’ils posent dans leur nouvelle contrée d’adoption et aussi montrer la force tranquille et l’abnégation de ces gens de l’ombre qui marchent sur les trottoirs, à nos côtés, et dont nous ne savons rien.
J’ai choisi de bâtir le film sur des contrastes, afin de démontrer l’immense clivage qui doit nécessairement s’opérer au sein de la famille Kasmi avant qu’elle ne puisse s’intégrer à un univers aussi différent que celui du Québec par rapport à leur Algérie natale. C’est aussi dans cet esprit que j’ai décidé de tourner en hiver, dans ces grands paysages blancs, cette poésie des grands espaces, notre désert à nous!
Q : Avec ce second long métrage qui fait suite à Clandestins, vous abordez à nouveau des sujets issus du contexte social: militantisme débouchant sur l’action directe, sort des immigrants, appartenance identitaire, inégalités sociales. Est-ce un film  » politisé « ?
R : L’ange de goudron est bien ancré dans le réel. Il est donc politisé dans la mesure ou le réel est politique, qu’on le veuille ou pas. Je crois que les cinéastes ont un devoir – tout comme les autres créateurs – de rendre compte de la réalité qu’ils perçoivent. En effet, le cinéaste ne vit pas à côté de la société, il vit dedans. J’ai essayé avec L’Ange de goudron de m’appuyer le plus possible sur les ressorts dramatiques de l’intrigue. Le film est construit sur des faits crédibles et réalistes, mais c’est bel et bien une aventure humaine à laquelle les spectateurs sont conviés, et non pas à une leçon de politique pamphlétaire !
Présenté en ouverture du Festival des Films du Monde de Montréal de 2001, L’ange de goudron obtint le Prix du meilleur long métrage canadien ainsi que le Prix du Public. Il a en outre remporté le Prix du jury oecuménique au Festival de Berlin 2002.
À noter qu’il s’agit du seul film québécois de l’acteur français Zinedine Soualem, habitué des films de Cédric Klapisch (entre autres Le péril jeune, Un air de famille et L’auberge espagnole).
La version anglaise du film de Chouinard se nomme Tar Angel.
Référence : [1] - extrait de l'entrevue du dossier de presse
Résumé
Ahmed Kasmi et sa famille ont quitté l’Algérie il y a trois ans. Établis à Montréal, les Kasmi ne sont plus qu’à quelques semaines d’obtenir l’objet de toutes leurs convoitises : la citoyenneté canadienne. Essayant un costume neuf et répétant les paroles de l’hymne canadien, Ahmed prépare minutieusement la cérémonie qui fera de lui le citoyen du pays de ses rêves. Mais le fils aîné, Hafid, 19 ans, vient brouiller les cartes en s’impliquant dans un groupe d’activistes. Le monde de certitude et d’espoir d’Ahmed s’écroule. Le père va tenter de sauver son fils et leurs chances d’obtenir les papiers canadiens en se lançant à la recherche de Hafid dans les dédales enneigés de Montréal. Cette démarche désespérée le poussera à faire une immersion forcée dans sa société d’accueil et aussi à découvrir la vraie nature de son fils et de ses amis impliqués dans le groupuscule d’activistes : le CRISCO...
Synopsis officiel
Distribution
Rabah Aït Ouyahia (Hafid Kasmi) ; Hian Abbas (Naïma Kasmi) ; Zinedine Soualem (Ahmed Kasmi) ; Catherine Trudeau (Huguette) ; Kenza Abiabdillah (Djamila Kasmi) ; Marc Beaupré (Sylvain) ; Koumba Ball (Snoopy) ; Raymond Cloutier (Roberto) ; Gary Boudreault (Bertrand) ; Igor Ovadis (Ruffolo) ; François Papineau (Walter Desrosiers) ; Maude Guérin (Pauline Toulouse) ; Pierre Muzadi (Chanteur africain) ; Françoise Lemieux (Juge)
Fiche technique
Catégorie: Drame - Origine: Québec, 2001 - Sortie en salles: 7 septembre 2001 (sorti le 8 octobre 2003 en France) - Durée: 1h39 - Classement: Général - Tournage: Montréal (quartier Parc Extension)
Réalisation et Scénario: Denis Chouinard - Production: Roger Frappier ; Luc Vandal - Société de production: Max Films - Distribution: Alliance Vivafilm
Équipe technique - Montage: Richard Comeau - Musique: Bertrand Chénier - Photographie: Guy Dufaux - Conception sonore: Marcel Pothier - Son: Gilles Corbeil - Mixage: Hans Peter Strobl - Costumes: Denis Sperdouklis - Direction artistique: Mario Hervieux - Distribution des rôles: Emmanuelle Beaugrand-Champagne
Infos DVD/VOD
L'ange de goudron est disponible en DVD au Québec. Date de sortie : octobre 2002 - Éditeur : Alliance Vivafilm - Code UPC : 065935140122 - Suppléments : NC