Anne Trister est un drame psychologique réalisé par Léa Pool en 1985. Il s’agit du troisième long-métrage de fiction de la réalisatrice d’origine Suisse, après Strass Café (1980) et La femme de l’hôtel (1984). Anne Trister raconte l’histoire d’amour entre une jeune femme de 25 ans qui, après la mort de son père, vient s’installer au Québec, et une amie psychologue déjà engagée dans une liaison avec un homme. Le film reprend plusieurs éléments autobiographiques propres au passé de la réalisatrice. Il y est question de déracinement, de quête personnelle et affective, des thèmes qui reviendront par la suite hanter la filmographie de la cinéaste, qui parvenait avec ce second succès de suite à s’inscrire durablement au rang des grandes figures du Septième art québécois.
« Anne Trister, c’est nommer les choses. Elle part d’un endroit précis, prend un train et arrive ici. Cela commence à l’enterrement de son père. Évidemment, ce sont des éléments autobiographiques. Mon père est mort en 1975 et a été enterré, selon ses voeux, à Tel Aviv. À partir de la mort brutale de son père, Anne Trister va vivre toutes sortes d’absences, de ruptures, de rapports affectifs, mais d’une façon totalement éclatée. L’aspect de création revient également. Il y aura plusieurs façons de parler du personnage d’Anne Trister. Ce sont des moments. Les liens ne m’intéressent pas. » (Léa Pool, Séquences, no 119, janvier 1985, p. 14.)
En 1987, deux prix Génie (meilleure direction photo et meilleure chanson) vinrent récompenser une carrière qui avait démarré de belle façon en février 1986 à Berlin où il remportait le troisième prix du festival alors qu’il était en compétition pour l’Ours d’or. Le mois suivant, c’est au Festival du film de femmes de Créteil en France que le film avait connu le succès en s’adjugeant le prix du public et le Grand prix d’interprétation féminine remis à Louise Marleau. Chez nous, Anne Trister fut connut un très beau succès en salle, tenant l’affiche à Montréal pendant 23 semaines, attirant près de 45 000 spectateurs. un chiffre qui laisse rêveur aujourd’hui eut égard à la profondeur et la complexité du film.
Critiques d’époque
La réalisatrice a été admirablement servie par des interprètes efficaces. Albane Guilhe apporte une fraîcheur, une résignation à son personnage qui nous la rendent sympathique. Il émane de son visage une sorte de tristesse nostalgique. Rares sont les sourires sur cette figure de jeune fille. Et pourtant quelle douceur, quelle aisance! De son côté, Louise Marleau donne la mesure d’elle-même dans un personnage plutôt ambigu. Elle sait s’effacer pour laisser la place autant à Sarah qu’à Anne. Il y a une certaine noblesse dans son attitude. (Léo bonneville, Séquences, no 124, avril 1986, p. 42.)
Il y a là de nombreux clins d’oeil aux spectateurs. C’est parfois réussi mais souvent gênant, et cela vient masquer la minceur du véritable propos : le désarroi d’Anne face au vide laissé par la mort de son père, et ses tentatives désespérées de remplir ce vide coûte que coûte. Dans le contexte actuel, Anne Trister devient donc l’emblème sinon d’une crise, au moins d’une mutation du cinéma d’auteur qui se veut de plus en plus « conforme ». Ainsi, une standardisation des thèmes, de l’esthétique et même du ton amène ce cinéma quelque part entre le produit purement commercial et l’objet singulier réalisé sans concession. (Marcel Jean, Le Devoir, samedi 8 février 1986, p.28)
Résumé
Après l'enterrement de son père en Israël, Anne quitte sa Suisse natale pour venir s'installer à Montréal. Elle loge dans un premier temps chez Alix, une psychologue pour enfants qui s'occupe de Sarah une fillette en mal d'attention. Anne prend par la suite possession d'un grand atelier d'artiste abandonné que lui a trouvé Simon, un ami de la famille, et qu'elle repeint avec d'immenses fresques tout en trompe-l’œil.
Progressivement, un tendre amour se développe entre Anne et Alix, ce qui n'est pas sans causer des problèmes puisque Alix vit une liaison satisfaisante avec Thomas.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Albane Guilhe (Anne), Louise Marleau (Alix), Hugues Quester (Pierre), Lucie Laurier (Sarah), Nuvit Ozdogru (Simon), Guy Thauvette (Thomas), Kim Yaroshevskaya (la mère), Carl Boileau (le petit garçon), Élisabeth Briand (la secrétaire d'Alix), Pierre Plante (L'homme au bar), Sarah Jeanne Salvy (la petite fille à l'hopital), Gilbert Sicotte (le copain de Thomas), Michael Schneider (le rabin), Rosalie Thauvette (la petite fille), Rena B. Wasserman (la serveuse)
Fiche technique
Genre: drame psychologique - Origine: Québec, 1985 - Durée: 1h42 - Langue V.O.: Français - Visa: général - Première: 3 février 1986 (cinéma Parisien) - Sortie en salles: 7 février 1986 sur un écran à Montréal, 23 juillet 1986 en France - Tournage: du 18 mars au 3 juin 1985 à Montréal, Lausanne et Genève (Suisse), Tel Aviv (Israel) - Budget approximatif: 1,38 M$
Réalisation: Léa Pool - Scénario: Marcel Beaulieu, Léa Pool, d'après une idée originale de Léa Pool - Production: Roger Frappier, Claude Bonin - Sociétés de production: Films Vision 4, Office national du film du Canada avec la participation financière de la Société Générale du Cinéma du Québec, Téléfilm Canada et de la Société de Radio Télévision du Quéoec - Distribution: Ciné 360
Équipe technique - Assistante réal.: Mireille Goulet - Costumes: Gaudeline Sauriol - Direction artistique: Vianney Gauthier - Mixage: Jean-Pierre Joutel, Hans-Peter Strobl - Montage images: Michel Arcand – Musique: René Dupéré, Daniel Deshaime - Chanson thème: Danielle Messia ("De la main gauche", musique coécrite avec Jean Fredenucci) - Photographie: Pierre Mignot - Prise de son: Richard Besse
Infos DVD/VOD
Anne Trister est disponible en DVD au Québec (format 4/3) - Date de sortie: 23 janvier 2007 - Éditeur: ONF, série Carte blanche - Code UPC: 619061367030 - Suppléments: aucun.
Le film est aussi disponible en VOD sur iTunes et Illico.