Being at home with Claude est un drame psychologique réalisé par Jean Beaudin d’après la pièce éponyme de René-Daniel Dubois, créée en 1985 au théâtre de Quat’Sous. Dans l’histoire du cinéma québécois, il s’agit de la troisième adaptation théâtrale produite pour le grand écran, après Tit-Coq de Gratien Gélinas (1952), et Les beaux dimanches de Marcel Dubé, réalisée par Richard Martin en 1974.
Situé quasiment en huis clos, cette oeuvre de prestige est un drame psychologique étouffant, dans lequel deux personnages que tout oppose se livrent un duel douloureux du début à la fin. Le combat oppose Yves, un jeune prostitué (Roy Dupuis) meurtrier de son amant, et un flic intègre qui n’a que faire de cette jeunesse dorée (Jacques Godin). Leur opposition fera en sorte que l’un et l’autre changeront d’état d’esprit au cours du dévoilement du événements. Dans les colonnes de La Presse, Jean Beaudin explique  » Il ne s’agit pas d’une pièce filmée ou d’un téléfilm, mais d’un vrai long métrage de fiction. Pas un film sur l’homosexualité non plus, mais bien sur la passion. Et dont l’intensité dramatique est énorme ». [1]
Being at home with Claude, cinquième long métrage de Jean Beaudin depuis J.A. Martin Photographe (1976), avait été projeté en première officielle le 6 février 1992, en ouverture des 10e Rendez-vous du cinéma québécois. Plusieurs séances avaient fait salle comble. La critique, unanime et positive, avait précédé un beau succès en salle (près de 100 000 spectateurs). En outre, le film de Jean Beaudin avait récolté neuf nominations aux Génie Awards de 1992 pour ne remporter que celui de la meilleure musique (Richard Grégoire). C’est The Naked Lunch de David Cronenberg qui avait rafflé les honneurs de la soirée.
Being at home with Claude a également été présenté hors compétition à Cannes en mai 1992. La petite histoire retiendra peut-être que le titre anglophone du film avait fait polémique et qu’à un moment, la production avait songé à le renommer L’amour barbelé. En France, le film est connu sous le titre Seul, avec Claude.
[1]: Entrevue avec Huguette Roberge, La Presse, mercredi 26 juin 1991, p. B6
Critiques d’époque
Au-delà de la violence de ce qui ne pourrait être qu’un banal fait divers, le film réussit à ne pas sombrer tout à fait dans le graveleux. Grâce, d’abord, aux dialogues, riches en roueries naïves et en vraies-fausses illusions, qui déminent efficacement ce que la tension de l’enfermement a d’insupportable. (Jean-Michel Demetz, L’Express)
Le saisissant film de Beaudin révèle toute la mesure du talent de Roy Dupuis. Comme un boxeur dans son ring, il fonce dans son rôle tête baissée et frappe avec toute la force de son corps: LE COMBAT EST MAGISTRAL! (Richard Martineau, Voir)
Une histoire d’amour dans un monde où rien ne compte, où rien ne dure et où rien n’est pris pour acquis. Plus tragique qu’une simple histoire de meurtre et racontée avec une puissance brute capturée par de grands acteurs et un grand cinéaste. On ne peut pas ne pas être ému. (John Griffin, The Gazette)
Résumé
Montréal au coeur de la canicule de juillet. La ville frémit au hurlement des sirènes, la foule s'anime au rythme du jazz. Deux hommes s'étreignent dans la nuit. Un cri retentit: un des hommes est tué. L'assassin s'enfuit, court dans les rues et ruelles et s'écroule, épuisé, dans le port. Quelques jours plus tard, il se livre à la police. L'inspecteur qui mène l'enquête s'efforce de reconstituer les faits et d'éclaircir les motifs qui ont amené Yves, un prostitué, à tuer son amant. Yves s'est livré mais il refuse de divulguer quoi que ce soit. L'inspecteur parvient à lui soutirer des bribes d'information qui lui permettent de reconstituer les faits qui ont conduit au fatal dénouement. Le fait divers cache une quête d'identité, un questionnement intérieur. (BAC-LAC)
Distribution
Roy Dupuis (Yves), Jacques Godin (L'inspecteur), Jean-François Pichette (Claude), Gaston Lepage (sténographe), Hugo Dubé (le policier), Johanne-Marie Tremblay (femme de l'inspecteur), Nathalie Mallette (Soeur d'Yves)
Fiche technique
Genre: drame psychologique - Origine: Québec, 1992 - Durée: 1h25 - Langue V.O.: Français - Visa: 13 ans et plus - Première: 6 février 1992 au cinéma Égyptien - Sortie en salles: 7 février 1992 sur 5 écrans à Montréal et banlieue - Tournage: mi juin au 12 juillet 1991, à Montréal - Budget approximatif: 2,1 M$
Réalisation: Jean Beaudin - Adaptation: Jean Beaudin d'après la pièce de René-Daniel Dubois - Production: Louise Gendron - Productrice associée: Doris Girard - Sociétés de production: Les Productions du cerf, Office national du film du Canada avec la participation financière de Téléfilm Canada, SOGIC - Distribution: Alliance Vivafilm
Équipe technique - Costumes: Louise Jobin - Direction artistique: François Séguin - Mixage: Michel Descombes - Montage images: André Corriveau – Montage son: Marcel Pothier - Musique: Richard Grégoire - Photographie: Thomas Vamos - Son: Michel Charron
Infos DVD/VOD
Being at home with Claude avait été édité en format VHS au Québec mais jamais en DVD. Une version restaurée par Éléphant, mémoire du cinéma québécois est offerte en VOD.