Avec cette fable allégorique stylisée et froide, François Delisle (Le météore, Chorus) continue d’explorer des thèmes qui lui sont chers (la masculinité, la culpabilité, la famille, etc.) en les plongeant dans un contexte social plus présent qu’à l’habitude. Ce septième long métrage, le cinéaste propose en effet une réflexion sombre, amère et sans concessions sur la déshumanisation du monde dans lequel nous vivons. CA$H NEXU$, dont le titre est inspiré par une théorie du 19e siècle voulant que les rapports humains se résument à leur stricte valeur monétaire, est une proposition choc qui relate les retrouvailles houleuses de deux frères aux chemins divergents, réunis au sein d’une famille marquée par un lourd secret.
Notes sur les origines du projet
En manque d’une idée pour servir de guide et contenir le pouvoir de l’argent à sa juste place, nous assistons, muets, à la déification de la sphère économique, à l’hyperindividualisme, à la surconsommation, aux ravages écologiques et à l’abandon de toute solidarité humaine. En réduisant le discours sur l’enrichissement à une simple question d’efficacité, insinuant que les plus démunis le sont finalement par leur faute, nous nous lavons les mains et permettons ainsi l’émergence d’un racisme social qui touche toutes les sociétés du monde, sans exception.
Je crois que l’absence d’un imaginaire collectif crée un vide existentiel destructeur, et laisse le champ libre à un système très efficace qui nous empêche de penser qu’on pourrait vivre autrement. L’impulsion première de CA$H NEXU$ vient donc du désir d’en découdre avec cette tromperie et d’affronter le monde à  mains nues en abordant, cette fois-ci, une histoire forgée comme une allégorie.
Mon questionnement orienté sur les thèmes de l’iniquité et du manque m’a tout de suite amené à réfléchir sur celui de la fraternité. C’est en partant de l’idée que nous sommes solidaires parce que nous adhérons à des mythes, à des récits et des symboles qui nous forment comme frères et sÅ“urs, que l’histoire de Jimmy et de Nathan s’est bâtie graduellement autour d’un filigrane narratif emprunté au mythe de Caïn et Abel.
Cela dit, j’ai pris garde d’éviter une parole qui dirait ce qui est bien ou mal, qui résoudrait les contradictions, pour atteindre finalement un quelconque consensus. Il m’importe de faire un film comme un poème et non comme une thèse, car CA$H NEXU$ est avant tout composé de chair et d’os.
Notes sur les origines du projet extraites du dossier de presse de CA$H NEXU$ fourni par Fragments Distribution
Résumé
Les chemins de Jimmy, toxicomane ne connaissant que la rue, et de son frère Nathan, chirurgien bien installé, se croisent, un soir, presque par hasard. Les retrouvailles de ces deux hommes que tout oppose mettra en scène: Juliette, la blonde de Nathan, Emmanuel, leur père mourant, et un lourd secret entourant le départ, trente ans plus tôt, d'Ève, leur mère. La réunion familiale ne sera pas de tout repos.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Alexandre Castonguay (Jimmy), François Papineau (Nathan), Evelyne Brochu (Juliette), Guy Thauvette (Emmanuel, le père), Christiane Pasquier (Ève, la mère), Lara Kramer (Angie/Cynthia), Yves Jacques (Michel)
Fiche technique
Genre: drame psychologique - Origine: Québec, 2019 - Durée: 2h15 - Langue V.O.: Français - Visa: 16 ans et plus - Première: 18 mars 2019 (première présentation publique à la Cinémathèque québécoise), 19 mars 2019 (première officielle au Cinéma du Musée) - Sortie en salles: 22 mars 2019 sur 4 écrans au Québec - Tournage: Montréal et Grand nord, été 2017, pendant 40 jours étalés sur deux mois - Budget approximatif: 2,2 M$
Réalisation, scénario, photographie, montage images: François Delisle - Producteurs: François Delisle, Maxime Bernard - Société de production: Films 53/12 avec la participation financière de SODEC, Téléfilm Canada, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux, avec la participation de Super Écran, Télé-Québec et avec le soutien de PRIM Résidence - Distribution: Fragments Distribution
Équipe technique - Costumes: Caroline Poirier - Direction artistique: Geneviève Lizotte - Distribution des rôles: Pierre Pageau, Daniel Poisson - Musique: Robert Marcel Lepage - Musiques additionnelles: quatuors à cordes 1 à 4 d'Alfred Schnittke interprétés par le quatuor Molinari, Papa M - Son: François Grenon, Simon Gervais, Stéphane Bergeron