La chasse au collet (The Squealing Game en version anglaise) est un suspense psychologique réalisé par Steve Kerr, comptable reconverti en cinéaste qui nous avait donné le thriller ésotérique Columbarium en 2012. Sexe et mensonges se côtoient dans cette histoire amorale de site de rencontres, faisant rejaillir le côté sombre de relations humaines truquées par des apparences d’autant plus trompeuses qu’elles se cachent dans l’anonymat procuré par Internet.
Pour son second long métrage, Kerr conserve une approche largement inspirée du cinéma de genre traditionnel. En faisant de la rencontre d’une jeune traumatisée et d’un homme d’affaires sans scrupules qui a décidé de faire du « cash » en poussant à l’infidélité, La chasse au collet relate une vengeance personnelle empreinte de souffrances refoulées qui n’est pas sans évoquer celle des Sept jours du Talion de Podz, tout en mêlant les cartes avec une pointe de critique sociale comme on avait pu le voir dans Ma fille, mon ange d’Alexis Durand-Brault, autre drame québécois qui s’attachait déjà à dépeindre les dérives du web.
Cette production à petit budget a eu droit à sa première mondiale lors de la 45e édition du Festival du nouveau cinéma.
Mot du réalisateur
D’où vous est venue l’idée pour La Chasse au Collet ?
Il y a des thématiques qui semblent m’habiter davantage que d’autres. L’une d’entre elles a trait aux relations malsaines que les gens peuvent entretenir avec l’argent. Ce que certains individus sont prêts à faire pour s’en procurer s’avère parfois choquant. On s’est souvent intéressé aux tricheurs de premier ordre, mais pour ma part, je m’intéresse davantage à ceux qui marchent dans la zone grise. C’est là que la dissonance cognitive et la rationalisation opèrent à leur maximum. Je me souviens un matin avoir entendu parler du succès retentissant d’un site de rencontre en ligne visant les gens mariés. Ça m’a d’abord intrigué puis littéralement déstabilisé quand j’ai visionné une entrevue télévisée avec le président du plus important site du genre. « Sauvez votre famille, ayez une aventure! ». Pardon? Vraiment? J’ai aussitôt eu une pensée pour une fille que j’ai connu jadis et dont le père était un illustre coureur de jupons. Sa triste histoire d’enfance l’avait laissé avec bien des cicatrices et je savais que si elle devait un jour se retrouver en face du dirigeant d’un tel site, elle perdrait le contrôle. Ce fut le début de quelque chose.
Vous n’avez donc pas été influencé par le scandale qui a touché l’entreprise Ashley Madison ?
Nous étions déjà à l’étape de la pré-production quand la nouvelle est sortie. Le scénario avait déjà été approuvé par le distributeur et présenté aux acteurs principaux. Ce fut une étrange coïncidence. Peut-être ai-je puisé l’idée dans l’inconscient collectif.
L’infidélité a été au centre de nombreux films, comment votre approche est-elle différente ?
Ça peut vous paraître étrange, mais à mon avis, l’infidélité ne constitue pas l’assise de ce film. Je crois en fait qu’il est davantage question d’une valeur fondamentale sur laquelle toute société durable devrait s’appuyer : l’honnêteté. Quand nous atteignons un stade où un site de rencontre servant spécifiquement à tromper son partenaire ne fait même pas l’objet d’une discussion collective, tout comme les messages publicitaires qui l’accompagnent, je crois qu’il y a quelque chose de brisée. Il ne s’agit pas de prendre une position pour ou contre l’infidélité, mais plutôt de se questionner sur l’importance de la transparence au sein du couple. Il y a toujours des gens qui souffrent quand les histoires éclatent au grand jour. Laisser l’autre s’investir à fond dans un mensonge, c’est moralement discutable. En faire la promotion et en tirer un profit, encore plus.
Extrait de l’entrevue de Steve Kerr publiée dans le dossier de presse du film.
Résumé
Éric et son associé Martin sont à la tête d'une boîte de développement web qui a décidé de lancer un site de rencontres pour personnes aimant les relations extraconjugales. Visiblement heureux en couple avec Natalie, il entretient néanmoins une liaison avec Virginie la directrice des communications de sa compagnie. Nourri de névroses, Éric espère passer ce cap difficile après la vente de son entreprise. Pendant ce temps, Élyse, une jeune femme marquée par un souvenir d'enfance douloureux à porter et une aversion certaine envers les rapports hétérosexuels, se met en quête de vengeance. Elle devient utilisatrice assidue du site web en proposant ses services...
Distribution
Paul Doucet (Éric Desbiens) ; Julianne Côté (Élyse) ; Anne-Marie Cadieux (Natalie) ; Christian Bégin (Martin) ; Ève Duranceau (Virginie) ; Normand Daneau ; Juliette Gosselin (Audrey) ; Antoine Pilon (Charles)
Et avec : Annabelle Guérin (jeune Élyse) ; Vincent Kerr (copain jeune Élyse) ; Louis-Olivier Mauffette (père d'Élyse) ; Élise Corbeil (maîtresse) ; Alexandra Cyr (Jessica) ; Carla Turcotte (Chloé) ; Pierre-Luc Lafontaine (Antoine) ; Élisabeth Locas (agente immobilière) ; Benoit Mauffette (commis BD) ; Marie-Evelyne Baribeau (Marie) ; Marie-France Lambert (Judith) ; Jacques Allard (Frédérick) ; Sébastien Billy (1ere victime) ; Frédérick Bouffard (François) ; Hugo Dubé (médecin) ; Rémi Veilleux (barman) ; Violette Chauveau (mère d'Élyse) ; Carl D'Amours (trafiquant) ; Steve Kerr (animateur radio (voix))
Fiche technique
Genre: suspense psychologique - Origine: Québec, 2016 - Durée: 1 h 30 - Langue V.O.: Français - Visa: En attente - Première: 10 octobre 2016, Festival du nouveau cinéma - Sortie en salles: 21 octobre 2016
Réalisation: et Scénario: Steve Kerr - Production: Steve Kerr - Productrice déléguée: Sophie Rémillard - Directrice de production: Charline-Eve Pilon - Société de production: Studio Whimz avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux - Distribution: FunFilm Distribution
Équipe technique - Conception sonore: Jérôme Boiteau - Direction artistique: Sophie Rémillard - Montage images: Steve Kerr, Carl D’Amours – Musique: diverses non originales - Photographie: Louis-Philippe Blain - Prise de son : Jean-Sébastien Roy, Marc Tawil