Le démantèlement est un drame rural, réalisé par Sébastien Pilote, remarqué par son court Dust Bowl Ha! Ha! et plébiscité par la critique et le public pour son premier long métrage Le vendeur. À l’instar de ce dernier, ce second film est un portrait intimiste d’un homme en fin de parcours qui doit affronter une dure réalité. Dans Le démantèlement, Sébastien Pilote porte un regard attendri sur un homme qui aura trimé dur toute sa vie pour vivre sur sa terre, mais qui devra se sacrifier une dernière fois pour aider sa fille en difficulté.
Présenté en première mondiale à la Semaine de la Critique de Cannes, le film avait remporté le prix SACD. Vendu dans plusieurs pays européens, il fera l’ouverture de l’événement Cinéma du Québec à Paris fin novembre et sortira en France le 4 décembre par l’entremise de Sophie Dulac Distribution.
À noter que Le démantèlement est le dernier film sur pellicule 35 mm développé chez Technicolor à Montréal [1].
Entretien avec le réalisateur
Ci-dessous, un extrait de l’entretien accordé par le réalisateur à Michel Coulombe, disponible dans le dossier de presse du film.
Votre film rappelle un roman d’Honoré de Balzac, Le père Goriot, dans lequel un homme se défait de ses biens par amour pour ses filles. Est-ce l’étincelle de départ du projet ou y avez-vous pensé en cours d’écriture ?
L’étincelle vient plutôt de l’histoire d’un ami qui n’a pas voulu prendre la relève de son père maraîcher. Il a d’ailleurs réalisé un court film sur ce sujet. Je suis aussi parti d’une phrase de François Truffaut. Après avoir connu un échec, il avait affirmé qu’un film consacré à un personnage sur une pente descendante ne pouvait pas fonctionner. Il n’avait bien sûr pas connu le succès du Titanic ! Je me suis demandé comment je pouvais raconter l’histoire d’un personnage qui remonte en même temps qu’il descend. J’avais ce paradoxe en tête quand j’ai pensé à un éleveur de moutons. La référence religieuse me plaisait, tout comme l’idée de partir de la fin de mon premier film, Le vendeur. On y assistait à la fermeture d’une usine. Or ce qui vient après la fermeture, c’est le démantèlement.
Au milieu de tout cela, je suis retombé sur Le père Goriot. En relisant ce roman, j’ai constaté à quel point il y avait des parallèles avec ce que je souhaitais raconter. J’ai donc décidé d’approfondir certaines idées et de paraphraser ce classique de la littérature française en gardant quelques phrases et le sentiment de paternité développé à l’excès. En fait, mon film est le prequel, au pays des cow-boys, du Père Goriot, lui-même inspiré du Roi Lear !
Vous avez confié le rôle de Gaby à Gabriel Arcand, un acteur que l’on associe souvent à des personnages d’ermites ou de solitaires.
Je le connaissais à travers les films de Denys Arcand et de Gilles Carle, notamment Les Plouffe, et je savais que c’était un acteur très rigoureux. Quand je lui ai proposé le rôle, il m’a invité à prendre mon temps et m’a parlé d’acteurs américains qui auraient fait l’affaire, selon lui, notamment Harry Dean Stanton, et cela m’a plu, car nous avions la même référence. Nous avons donc fait des bouts d’essai. Je voulais un acteur très américain. Une pièce d’homme. Dans le scénario, je décrivais Gaby comme un « vieux nègre sagace et las », en me référant à Jack Kerouac. J’ai pensé à Gabriel Arcand à cause de sa photogénie, de ses yeux. Je me disais que si j’arrivais à le faire sourire, ce serait gagné ! Il est arrivé sur le tournage très en forme et basané parce qu’il avait travaillé dans son jardin tout l’été.
Vous avez tourné en décors naturels, notamment dans une bergerie.
J’ai rencontré un éleveur dont la ferme voisinait une maison inhabitée. Nous l’avons complètement refaite. Nous avons filmé des troupeaux à Normandin, Saint-Coeur-de-Marie et Hébertville. Ils paraissent n’en former qu’un seul. Ce n’est pas facile de diriger des moutons. Si l’un d’eux se lance dans un lac, tous les autres suivent aussitôt et le berger doit plonger à son tour pour leur éviter la noyade ! On y a perdu des heures. Le troupeau s’est sauvé à des kilomètres au moment où on allait tourner et il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre que l’on ramène les bêtes. Heureusement, les gens de l’équipe ont appris à les apprivoiser !
Référence : [1] dixit Sébastien Pilote dans le dossier de presse du film
Résumé
Gaby est éleveur d'agneaux sur la ferme familiale, qui, malgré les efforts demandés, ne lui procure qu'un maigre revenu. Divorcé et vivant seul sur sa terre, il ne voit que rarement ses deux filles Marie et Frédérique, installées à Montréal et qui ne lui rendent visite qu'à l'occasion. Un jour, Marie lui annonce qu'elle se sépare de son mari et quelle a besoin d'argent pour garder la maison afin d'élever ses enfants le mieux possible.
Malgré les conseils de son ami comptable, Gaby prend la décison, sans l'accord de ses deux frères, de démanteler la ferme et de vendre les matériels et le troupeau. Il pourra ainsi payer les dettes de Marie et lui assurer un avenir.
Avec ses quelques boîtes de cartons, Gaby part vivre en ville, dans un petit 3 1/2 d'une résidence HLM.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Gabriel Arcand (Gaby Gagnon) ; Gilles Renaud (L'ami comptable) ; Lucie Laurier (Marie) ; Sophie Desmarais (Frédérique) ; Johanne-Marie Tremblay (Françoise) ; Dominique Leduc (La voisine) ; Gabriel Tremblay (Le petit Bouchard) ; Marc-Antoine Béliveau (L'homme du refuge) ; Normand Carrière (Léo Simard) ; Claude Desjardins (Encanteur) ; Pierre-Luc Brillant (Préposé au foyer) ; Michel Daigle (Concierge)
Fiche technique
Genre: drame - Origine: Québec, 2013 - Durée: 1h51 - Images: 2.35:1, 35mm, couleur - Son: Dolby SRD 5.1 - Sortie en salles: 15 novembre 2013 sur 21 écrans au Québec - Sortie en France: 4 décembre 2013 - Première: 17 mai 2013, Semaine de la critique, Cannes - Visa: Général - Tournage: septembre octobre 2012, à Jonquière et environs - Budget approximatif: 3,1 M$
Réalisation et Scénario: Sébastien Pilote - Production: Bernadette Payeur, Marc Daigle - Société de production: Association coopérative de productions audio-visuelles (ACPAV) avec la participation de SODEC, Téléfilm Canada, crédits d’impôt provinciaux et fédéraux, Fonds Cogeco, Fonds Harold Greenberg, Super Écran, Société Radio-Canada, Technicolor - Producteur associé: Robert Lacerte - Productrice déléguée: Sylvie de Grandpré - Distribution: Les Films Séville
Équipe technique - Costumes: Sophie Lefebvre - Direction artistique: Mario Hervieux - Direction de production: Chantal Marcotte - Montage images: Stéphane Lafleur – Musique: Serge Nakauchi Pelletier - Photographie: Michel La Veaux - Son: Gilles Corbeil, Olivier Calvert, Stéphane Bergeron