Films du Québec

Le dernier souffle est un drame policier réalisé en 1998 par Richard Ciupka qui revenait au grand écran après le méga succès de 1993, Coyote avec Mitsou et Patrick Labbé. Il s’agit du troisième long métrage de ce directeur photo ayant travaillé avec Louis Malle et Claude Chabrol, entre autres.

Luc Picard d̩couvre le cadavre de son fr̬re Martin (Michel Goyette) dans Le dernier souffle de Richard Ciupka (image extraite du film (capture VHS) РCollection filmsquebec.com РReproduction interdite sans autorisation)

Polar à grand déploiement, Le dernier souffle relate l’histoire d’un policier (Picard) qui découvre le cadavre de son frère perdu de vue depuis longtemps. Son enquête lui apprendra les relations qu’entretenaient ce dernier et son père avec divers courants d’extrême droite. Se déroule quasiment entièrement en Arkansas (c’est Lachute est ses environs qui ont servi de décors), est un polar tout ce qu’il y a de plus classique, réalisé dans la plus pure tradition américaine. On retrouve malgré tout plusieurs références à la mythologie québécoise, notamment dans le regard des flics américains (Céline Dion, l’indépendance du Québec…), par les allusions à la famille disloquée (le couple chancelant du flic, la paternité mise à mal par la perte d’un fils, etc.). Baignés dans les codes et les références dévolus à un genre peu habitué à les servir, ces thèmes locaux donnent au film une étonnante saveur, en plus de très bien vieillir.

Avec son rôle de Normand Vaillancourt (père de Laurent, incarné par Luc Picard), Julien Poulin avait remporté le prix Jutra du meilleur second rôle masculin en 2000. Au total, le film avait eu cinq nominations, ce qui ne s’est pas vu souvent pour un film de genre.

Titres de travail: L’homme du milieu puis Nazareth USA – Titre de la version anglaise: Dead End.

Luc Picard et Serge Houde (g.) dans Le dernier souffle de Richard Ciupka (image extraite du film (capture VHS) – Collection filmsquebec.com – Reproduction interdite sans autorisation)

Critiques d’époque

Hélas, il manque au film une mise en scène nerveuse, qui bondirait sur les ressorts et se concentrerait sur l’intrigue plutôt que de polir des symboles évidents et d’entretenir des rapports futiles entre certains protagonistes. Pour toutes ces raisons, Le Dernier Souffle reste une production honnête, soignée et appliquée, mais aussi ankylosée et sans audace… (Martin Bilodeau, Le Devoir, 27 mars 1999, p. B-4)

On ajoutera que Le Dernier Souffle est à l’image de son personnage principal: sous des dehors plus ou moins conventionnels, se cache une force vive capable de surprendre, de réagir quand on ne l’attend plus ; derrière son rythme indolent, circule un sentiment de danger permanent. (Jean-Christophe Laurence, La Presse, 27 mars 1999, p. C-2)

Somme toute, Le dernier souffle est un honnête produit de consommation bien ficelé. Ciupka prouve, comme l’ont fait récemment d’autres réalisateurs, que le cinéma québécois peut ressembler à du cinéma américain. Mais est-ce vraiment là une finalité? (Marc-André Brouillard, Séquences #202 (1999) p.48)

Luc Picard et Julien Poulin regardant le cadavre de Martin (Michel Goyette) dans Le dernier souffle de Richard Ciupka (image extraite du film (capture VHS) – Collection filmsquebec.com – Reproduction interdite sans autorisation)