Films du Québec

Des hommes, la nuit est une comédie dramatique coécrite, réalisée et montée par Anh Minh Truong, auteur de publicités, de séries télé et d’une quinzaine de courts et moyens métrages originaire de la région de Sherbrooke. C’est d’ailleurs dans la capitale estrienne que le film a fait ses débuts, lors de la soirée d’ouverture de la 10e édition du Festival cinéma du monde de Sherbrooke, le 6 avril dernier.

Des hommes, la nuit suit les aléas vécus par trois hommes de génération différente, tous à un tournant de leur vie. En l’espace d’une nuit, ils devront se redéfinir pour passer à la prochaine étape.

Le film est sorti en salle à Sherbrooke le 7 avril 2023, et le 14 à Montréal et dans quelques autres villes québécoises.

Mot du réalisateur

Lorsque ma fille Ophélie est née, j’ai vécu un grand vertige. Du jour au lendemain, je devenais le père d’un être humain, et ne savais pas ce que la suite de mes jours me réservait. Or ce saut dans le vide, cette impression d’être à la croisée des chemins est un sentiment que j’avais déjà connu… mais à l’adolescence. Lorsqu’on termine son secondaire ou le cégep et qu’on s’apprête à quitter son patelin pour faire face à l’immensité de l’existence, on est happé par un vertige similaire. Cette expérience m’a aussi rappelé une discussion que j’ai eu avec un ancien professeur du cégep. Il venait de prendre sa retraite, et devait maintenant confronter le néant qui se dressait devant lui. Ce sentiment de vertige est donc à la fois universel, inévitable et récurrent dans nos vies.

C’est inspiré par cette réflexion que j’ai tout d’abord réalisé et co-écrit avec mon collègue Steve B. Bernard le court métrage Le roi de la montagne. Racontant la dernière journée d’un jeune qui s’apprête à quitter son patelin pour la grande ville, ce film me permettait aussi d’explorer la parole des hommes et la vulnérabilité masculine. N’ayant pas eu de présence paternelle et masculine forte dans ma vie, je me suis énormément questionné sur ce que signifiait être un homme et un père pour mes enfants, et cette réflexion m’apparaît encore plus pertinente dans le contexte social actuel. Bref, écrire et réaliser des films m’aide à comprendre qui je suis, et à définir l’homme que je souhaite devenir.

Ce sont donc ces questionnements intimes qui m’ont amené à écrire, toujours en collaboration avec mon coscénariste Steve, le projet Des hommes, la nuit. Poursuivant le filon thématique amorcé par notre scénario précédent, le long métrage me permet de raconter, à travers un récit aussi sensible que jouissif, l’effet vertigineux du passage du temps sur nos vies. Louis, Steve et Michel vivent un rite initiatique qui les confronte à eux-mêmes, et à l’homme qu’ils pourraient devenir s’ils parviennent à s’en émanciper. D’ailleurs, considérant ce que représente ce premier long métrage dans ma carrière, la réalisation même de ce film peut certainement être vu comme un rite de passage qui, à l’instar de ceux présentés dans mon film, me permettra de me révéler à moi-même et d’amorcer le prochain chapitre de ma vie.

Mot du réalisateur extrait du dossier de presse du film fourni par Chasseurs Films