Treizième long métrage réalisé par André Forcier, Embrasse-moi comme tu m’aimes se situe, comme d’habitude avec les films du cinéaste, dans un univers bien à part, niché entre fable surréaliste, comédie sentimentale et chronique sociale. Un mélange des genres qui n’est pas sans rappeler Les États-Unis d’Albert (en moins farfelu) ou Je me souviens (en plus débridé), entre autres. Et comme toujours, des amis comédiens (Bonnier, Castel, Dupuis, Girard…) ou techniciens (Daniel Jobin à la photo) viennent prêter main forte à l’aventure.
Sur fond de Seconde Guerre mondiale, la famille Forcier se retrouve cette fois plongée dans les tourments d’un jeune conscrit qui se retrouve pris en tenaille entre deux amours que tout oppose, celui charnel, fantasmé, de Berthe (qui n’est autre que sa soeur), et celui plus rationnel et attentif de Marguerite, une jeune femme aux bonnes manières… piquée à son meilleur ami.
Chez Forcier, peut-être ici plus qu’ailleurs, l’univers attachant d’une communauté de gens « ordinaires » se révèle dans un regard teinté d’humour et de respect porté sur des personnages plus grands que nature, sur des tranches de vie en apparence banales, mais qui se révèlent toutefois mues de mystère et de poésie. Avec ce treizième film, Forcier n’a rien perdu de sa jeunesse.
Connu sous le titre de travail Bébés fourneau, Embrasse-moi comme tu m’aimes est présenté en ouverture du 40e Festival des films du monde, en première mondiale.
Notes du réalisateur
Mon père s’était engagé dans la police de Montréal pour éviter la conscription. Je lui reprochais d’avoir refusé de se battre contre les nazis. Il y avait longtemps que je voulais faire un personnage québécois engagé contre le nazisme, même si ce n’était pas dans la mouvance de l’époque.
Pour rendre l’histoire intéressante, j’ai imaginé le personnage de Berthe, la soeur jumelle de Pierre, infirme de naissance. La mère des jumeaux Sauvageau n’a pas la force de s’occuper de sa fille, lui faire prendre son bain, la border etc. L’amour fraternel de Pierre est nécessaire et assumé par ce dernier. Par contre pour Berthe il s’agit d’un véritable amour pour son frère, un amour incestueux. Pierre est un gentleman, le personnage de Berthe est manipulateur, jaloux et viscéralement amoureux de son frère. Elle prétexte même qu’il l’a rendu infirme avec son cordon ombilical. Pierre refuse les avances de sa soeur et fait tout pour rencontrer l’âme soeur. Cependant, il est incapable d’embrasser une femme car à chaque fois, il est troublé par des visions de sa soeur.
Pierre ne s’engagera pas dans l’armée pour prendre soin de Berthe de qui il est incapable de se séparer et continuera de s’entraîner tous les samedis avec son meilleur ami, Ollier Allard. Il s’énamourera bien malgré lui de la blonde de ce dernier. Marguerite est une véritable pasionaria qui partage les idéaux de Pierre et si elle n’était pas une femme elle serait déjà pilote de spitfire pour combattre les Allemands. Mais ceci était proscrit par l’aviation canadienne à cette époque. Rien n’échappe à Berthe, qui devine l’amour naissant de son frère pour la belle Marguerite.
Pierre est bon pour sa soeur. Il s’achète un pick-up pour l’amener pique-niquer les dimanches. Les jumeaux Sauvageau sont férus d’opéra et particulièrement du grand ténor Raoul Francoeur. Pour Berthe, c’est la seule façon de s’évader de son quotidien. Un dimanche, alors qu’ils pique-niquent et que La Mattinata joue sur un vieux gramophone à manivelle, un homme raffiné les aborde. C’est Elio Morelli, professeur d’Italien de Francoeur. C’est le coup de foudre instantané entre Elio et Berthe au grand soulagement de Pierre qui n’en demeure pas moins heureux pour elle.
Elio et Berthe sont destinés l’un pour l’autre, ils vont se marier avoir un enfant, et Berthe a tout pour être heureuse, mais son amour pour Pierre lui manque catastrophiquement. Je voulais montrer que le côté perfide de Berthe prend de l’ampleur et rend Elio complice de ses manigances. Alors que Pierre s’apprête à s’engager dans l’aviation, il est attaqué sauvagement par des malotrus qui le rendront inapte à partir au front. « C’est odieux ce qu’on peut faire par amour », dira Élio à Pierre.
Selon moi, il y a deux Berthe, celle que nous avons évoquée et celle qui n’est pas infirme. C’est sur cette dernière que Pierre fabule. Cette Berthe a des jambes à n’en plus finir, danse et copule avec lui avec une audace imparable. Marguerite jure qu’elle va assez « l’frencher » que sa soeur va s’étouffer.
Mon intention est de maintenir le mystère de cette histoire jusqu’à la fin. Pierre est écartelé entre son amour pour Marguerite et son amour indicible pour Berthe et le fantasme de Berthe. Comme le supplice de la goutte d’eau, l’apparition récurrente du fantasme de Berthe, transformera-t-elle Pierre en véritable amoureux de sa soeur ? Qui de Berthe ou de Marguerite partira avec Pierre ?
Résumé
1940, la Deuxième Guerre mondiale fait rage en Europe. À Montréal, Pierre Sauvageau, 22 ans, voudrait s’enrôler, mais il doit prendre soin de sa soeur jumelle qui est infirme de naissance. Cette proximité éveille la sensualité de Berthe qui tente de séduire son frère. Pierre rejette ses avances, mais lorsqu’il tombe en amour avec Marguerite, la blonde de son meilleur ami, il est hanté par le fantasme de sa soeur. Il voudrait bien s’en débarrasser, mais le fantasme de Berthe a la couenne dure.
Synopsis officiel
Distribution
Émile Schneider (Pierre Sauvageau), Juliette Gosselin (Berthe Sauvageau), Mylène Mackay (Marguerite), Céline Bonnier (Yvonne Sauvageau), Tony Nardi (Élio), Luca Asselin (Ollier Allard), Antoine Bertrand (Réal), Réal Bossé (Elphège Allard), Roy Dupuis (Narcisse), Patrick Drolet (Philippe Dupré), Catherine De Léan (Mignonne), France Castel (Rose Le Bleu), Émi Chicoine (Lucette), Pierre-Luc Funk (Donat), Pierre Verville (Capitaine Turgeon), Pascale Montpetit (Irma), Alexandre Castonguay (René), Julien Poulin (Sergent Boileau), Marc Hervieux (Raoul), Mylène Saint-Sauveur (Charlotte), Raphaël Lacaille (Grimard), Rémy Girard (Colonel), Pascale Desrochers (Madame Blondeau)
Avec la participation de : Christine Beaulieu (La mère), Anick Lemay (Madame Rivest), Stéphane Crête (Monsieur Rivest), Geneviève Schmidt (Madame Brochu), Sonia Vachon (Madame Chicoine), Donald Pilon (Passager taxi), Denys Arcand (Édouard Montpetit), Benoit Brière (M. Le Maire), Stéphane L’Écuyer (Facteur)
Fiche technique
Genre: comédie dramatique, drame historique, fable surréaliste - Origine: Québec, 2016 - Durée: 1h47 - Langue V.O.: Français - Visa: 13 ans et plus - Première: 25 août 2016, ouverture du 40e FFM au cinéma Impérial - Sortie en salles: 16 septembre 2016 sur 20 écrans au Québec - Tournage: 10 mai au 19 juin 2015 à Montréal et Saint-Bruno - Budget approximatif: 3,7 M$
Réalisation: André Forcier - Scénario: André Forcier, Linda Pinet / Conseiller à la scénarisation : Jean-François Chicoine - Production: Linda Pinet, Louis Laverdière - Producteur exécutif: André Forcier - Producteur délégué: Jean-François Roesler - Société de production: Les Films du Paria avec la participation financière de la SODEC, Téléfilm Canada, le Fonds Harold Greenberg, le Fonds Québecor, les programmes de crédits d’impôt fédéral et provincial, Filmoption International, le Conseil des Arts de Longueuil et le Conseil des Arts et des Lettres du Québec - Distribution: Filmoption International
Équipe technique - Coiffures: Marcelo Padovani - Conception sonore: Claude Beaugrand - Costumes: Madeleine Tremblay - Direction artistique: Patrice Bengle - Direction de production: Jean-François Roesler - Maquillages: Clair Van Der Elst - Montage images: François Gill – Musique: Martin Léon - Photographie: Daniel Jobin
Infos DVD/VOD
Embrasse-moi comme tu m'aimes est disponible en DVD, Vidéo Sur Demande et sur iTunes à compter du 20 décembre 2016.