En attendant Avril est un fable écrite et réalisée par Olivier Godin, qui signe là son quatrième long métrage de fiction. Produit de manière totalement indépendante avec un budget de quelques milliers de dollars, le film se présente comme une comédie policière loufoque et romantique, librement inspirée des chants et de contes médiévaux recueillis par Michel Faubert.
Dans un style reconnaissable entre tous, Godin donne libre cours à diverses expérimentations et livre une proposition exonérée de contraintes formelles, dans laquelle musique, théâtre et cinéma forment un univers surréel, non linéaire, dont l’absurdité teintée d’humour réjouit autant qu’elle déroute. À l’instar de ses propositions précédentes, et en particulier dans Les arts de la parole, le chant traditionnel occupe une place importante, revisitant une oralité révolue, un passé oublié, qui viennent se confronter à une contemporanéité incertaine, ravivant ainsi l’impression de mystère et d’étrangeté qui se dégage de l’ensemble.
En sept ans et quatre films, Olivier Godin a développé l’art bien particulier et plutôt casse-gueule de jouer avec les symboles. Pour autant, son film n’est pas juste un délire créatif, mais bien une illustration, distordue certes, du monde qui nous entoure. De fait, les relations interpersonnelles, la quête de l’amour éternel, l’acceptation de la différence, l’enfermement, ou la brutalité policière – comment ne pas voir dans son personnage de flic vulgaire une référence à peine voilée au matricule 728 – s’enchevêtrent pour former une réflexion amusée sur ce que sommes et les élans qui nous animent aujourd’hui.
En attendant Avril a été été présenté au Festival international du film de Vancouver (VIFF), au Festival du nouveau cinéma et aux Rendez-vous Québec Cinéma en 2019. Il a également été sélectionné au festival Les Percéides, où le cinéaste avait remporté le prix du jury pour son précédent film. Sa première internationale s’est tenue en Allemagne, lors de la Semaine de la critique de Berlin en février 2018. Le film sort sur deux écrans à Montréal deux ans plus tard, soit le 7 février 2020.
Résumé
Le détective de Jumonville recherche de l'information sur un objet étrange avec un ongle au bout qui ressemble à un os qui chante. On lui conseille de chercher auprès de Jésus. Et ça tombe bien puisque Mithridate le dépeupleur, acteur au bras de gorille, est en train de jouer le Christ au théâtre. Jumonville qui doit se marier bientôt confie l'enquête à la détective Haffigan. Mithridate est acteur dans une série télé. Il a un bras de gorille et sait parler aux oiseaux. Lorsqu'il est convoqué par la policière, il est en train de répéter du Shakespeare avec son colocataire Alexandre, qui ne se lave plus depuis qu'il a le coeur brisé... Elle le met en garde des dangers reliés à l'os qui chante. De dangereux criminels sont sur sa trace. Mithridate décide donc de confier l'objet à Éléonore, la douce représentante de la Banque du brouillard permanent, dont il est tombé amoureux, au grand désarroi de la flic qui a elle aussi le béguin pour l'acteur difforme.
C'est dans la salle du secret suprême, lieu hautement protégé de la banque, que Mithidate déclare sa flamme à Éléonore. Elle ne lui résiste pas bien longtemps, trouvant dans le langage des mantilles le moyen de lui avouer son émoi... Outrée, la policière, qui vient de perpétrer une centaine de meurtres par amour du métier, interdit rigoureusement cet amour délétère. Elle continue son enquête en se tournant vers Michel Faubert pour en savoir plus sur l'histoire du mystérieux os. Pendant ce temps, Alexandre se rapproche de Donatienne, employée sans imagination dans un salon de coiffure pour femmes noires seulement. En gage de leur amour, elle lui demande de se laver. En échange, il lui donne son couteau...
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Michel Faubert (le conteur), Johanna Nutter (Haffigan), Étienne Pilon (Mithridate), Tatiana Zinga Botao (Donatienne), François-Simon Poirier (Alexandre), Ève Duranceau (la serveuse), Rose-Maïté Erkoreka (Éléonore Onnaberri, représentante de la BBP), Luc Proulx (Détective de Jumonville), Daniel Canty, Aurélie Brochu Deschênes, Florence Blain Mbaye, Leslie Mavangui et Philippe Battikha
Fiche technique
Genre: fable - Origine: Québec, 2018 - Durée: 1h16 - Langue V.O.: Français - Images: format 1.85, couleurs - Visa: non classé - Première mondiale: février 2018, Berlinale - Première québécoise: 7 octobre 2018, Festival du nouveau cinéma - Sortie en salles: 7 février 2020 sur 2 écrans à Montréal - Tournage: durant huit jours, à Montréal
Réalisation: Olivier Godin - Scénario: Olivier Godin - Production: Olivier Godin, Renaud Després-Larose, Ana Tapia Rousiouk - Distribution: La Distributrice de films
Équipe technique - Conception sonore: Ana Tapia Rousiouk - Montage images: Theodore Goodwin – Musique: Michel Faubert, Philippe Battikha - Photographie: Renaud Després-Larose
Infos DVD/VOD
Le film est disponible depuis le 1er avril sur la plateforme VOD du distributeur: https://vimeo.com/ondemand/223803