Films du Québec

Image extraite du film Le Grand serpent du monde – la route la nuit (capture d’écran ©filmsquebec.com)

Le Grand serpent du monde est une comédie dramatique réalisée par Yves Dion, qui avait été monteur pour Les Ordres et Mustang. Le film est un road-movie urbain écrit par la romancière Monique Proulx (Le coeur au poing, Le sexe des étoiles) qui relate les rêves d’évasion d’un chauffeur de bus, désireux de partir rejoindre le Mexique sur les traces de Jack Kérouac.

Le film aborde poétiquement la fuite d’un quotidien banal ou difficile à supporter de deux êtres résolus dans leur quête de l’absolu. L’autobus, que l’on peut voir comme le symbole d’un enfermement moderne, métaphore de nos vies mécanisées, ne voyage que de nuit. Il est peuplé de personnages solitaires et tristes, résignés aux petits malheurs de la vie ordinaire. Leur présence, ainsi que celle de l’ex-prostituée serveuse de bar (Louise Portal), renforce l’abject du quotidien et donnent un sens à la fuite vers l’ailleurs. Face à eux, Anaïs la jeune cliente (Zoé Latraverse) incarne la candeur et la fougue et trouve en Tom, le chauffeur (Murray Head), un alter ego. Leur relation est exclusive, passionnelle.

Image extraite du film Le Grand serpent du monde – Tom (Murray Head) et sa blonde Sarah (June Wallack) – (capture d’écran ©filmsquebec.com)

Habitué aux documentaires, Yves Dion précisait lors de la sortie du film : « Cette fois, j’explore le côté film en tant que ‘trip’. Le Grand Serpent repose sur une certaine conception du cinéma. Celle qui dit aux spectateurs : ‘Faites un voyage, passez dans un autre univers et au bout de deux heures, on viendra vous redéposer’. Chose certaine, ceux qui y cherchent une logique vont avoir de la misère. » [1]

Le Grand serpent du monde est le cinquième long métrage de fiction du programme « Familiarité » produit par l’Office national du film. Il a été tourné en 1994, mais n’a trouvé le chemin des salles qu’en 1999, n’attirant que 1 000 spectateurs à Montréal.

Le film est disponible sur le site de l’ONF.

dans La Presse, 20 février 1999

Image extraite du film Le Grand serpent du monde – Monsieur cherche sa place (Gabriel Arcand) – (capture d’écran ©filmsquebec.com)

Critiques d’époque

De fait, on croit difficilement à l’histoire d’amour qui soude Tom et Anaïs, leur passion étant plus souvent évoquée que démontrée. Il y aurait sans doute eu lieu d’étoffer d’avantage la relation entre Monsieur et le chauffeur d’autobus, l’un étant le baromètre de l’autre et vice-versa. Une avenue à explorer, que le cinéaste et la scénariste ont peut-être reléguée trop vite au second plan. (- Jean-Christophe Laurence, La Presse, 20 février 1999)

Mais somme toute, malgré les faiblesses et les redondances, nous assistions à une Å“uvre plus qu’honnête jusqu’au moment du revirement final, qui voit toute la trame du film se retourner soudainement comme une chaussette et produire un dénouement outrancier en guise de catharsis. (- Pierre Barrette, 24 images, n° 96, 1999, p. 48)