Kings and Desperate Men est un suspense psychologique produit, coécrit, réalisé et monté par Alexis Kanner (1942-2003), acteur et réalisateur d’origine française qui signait là son premier long métrage solo après avoir prêté main forte à Harvey Hart pour Mahoney’s Estate en 1972.
Le film fut produit sous l’égide du décrié « Tax Shelter » permettant à des investisseurs privés de réclamer 100% de dégrèvements fiscaux sur les sommes versées dans la production de films canadiens. Or, à peine ce projet entamé, on découvrit un problème de taille. Le producteur-réalisateur avait tout simplement oublié de faire approuver un quelconque prospectus par la Commission des valeurs mobilières du Québec [1]. Le film a par la suite obtenu une exemption, afin de recueillir les fonds nécessaires pour compléter le tournage, qui fut complété en décembre 1977 [2],
Les problèmes légaux avec le gouvernement du Québec ne furent pas les seuls écueils rencontrés par cette production angloquébécoise qui éprouva toutes sortes de difficultés liées à son financement. À un point tel qu’au cours des mois qui suivirent, diverses rumeurs se mirent à circuler; toutes étant dissipées par l’optimiste Kanner qui croira longtemps à la possibilité d’une sortie d’envergure sur le marché américain… ce qui n’arriva jamais.
En 1980, la maison de production fut dissoute, les investisseurs perdirent leur mise [3] tandis que Kanner continuait seul le travail sur le montage, les prises de vues additionnelles et la bonde sonore. Ce n’est que le 22 août 1981 que la première projection publique eut lieu au Québec au Festival des films du monde (FFM). Les critiques furent unanimes pour qualifier le film de « navet », de « désastre », ou plus poliment d' »embarrassant ». On retrouve la trace de quelques festivals et projections spéciales (Los Angeles, Chicago, Londres) durant l’année 1983, générant dans leur sillage des avis un peu moins négatifs toutefois.
Dernier développement dans l’histoire de ce projet tenant plus de l’égo que du cinéma : la vaine poursuite intentée par Kanner envers les producteurs de Die Hard (1988) pour plagiat. Plainte qui fut évidemment rejetée du revers de la main puisque le film de James Cameron était l’adaptation du roman « Nothing Lasts Forever » publié en 1979.
Kings and Desperate Men restera dans la petite histoire du cinéma québécois essentiellement pour avoir marqué les débuts au grand écran de la belle Margaret Sinclair-Trudeau, alors épouse séparée du Premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau et mère de Justin. Elle donnait la réplique à Patrick McGoohan, héros de la fameuse série « Le Prisonnier », avec lequel Kanner avait joué.
Le titre du film est tiré du poème « Death » de l’Anglais John Donne : « Tu es l’esclave du destin, du hasard, des rois et des hommes désespérés ».
Ce drôle d’objet est sorti en VHS aux États-Unis 12 ans après son tournage (avec sur la pochette une image de McGoohan beaucoup plus jeune que dans le film !).
Résumé
C'est la nuit du 23 au 24 décembre. John Kingsley, animateur britannique d'un talk-show controversé travaillant au Canada, participe à la fête de Noël organisée par sa radio. Lorsqu'il retourne à sa voiture, une jolie femme l'attire vers le luxueux penthouse à partir duquel il diffuse son émission. Sur place, il découvre qu'un homme appelé Lucas Miller l'a piégé. Miller est professeur d'histoire et chef de file d'une petite cellule terroriste, dont l'un des membres est actuellement en prison suite un accident de voiture ayant entraîné la mort d'un policier.
Convaincu de l'innocence de son ami, Miller veut refaire le procès le lendemain matin durant l'émission de Kingsley, en demandant à l'auditoire de se prononcer. Les forces policières prennent d'assaut le bâtiment et attendent les ordres. Pendant ce temps, l'épouse de l'animateur et leur garçon autiste sont retenus en otage dans leur maison, tout comme le juge qui a rendu le verdict de culpabilité.
© Charles-Henri Ramond
Distribution
Patrick McGoohan (John Kingsley), Alexis Kanner (Lucas Miller), Andrea Marcovicci (a terrorist), Margaret Trudeau (Elizabeth Kingsley), Budd Knapp (Judge McManus), Dave Patrick (Grant Gillespie) Robin Spry (Harry Gibson, a kidnapper), Jean-Pierre Brown (Jean-Pierre Kingsley), Frank Moore (Herrera), Neil Vipond (Henry Sutton), August Schellenberg (Aldini), Kevin Fenlon (kidnapper), Peter MacNeill (kidnapper), Kate Nash (Mrs. MacPherson)
Fiche technique
Genre: suspense psychologique - Origine: Québec, 1977 - Durée: 1h48 / 1h53 (VHS) - Langue V.O.: Anglais - Visa: non classé - Première: 22 août 1981, au Festival des films du monde - Sortie en salle au QC: jamais sorti - Première diffusion télé: 5 novembre 1984 (First Choice) - Tournage: 5 au 31 décembre 1977 à Montréal - Budget approximatif: 1,2 M$ à l'origine, 6 M$ au final selon les dires du réalisateur
Réalisation: Alexis Kanner - Scénario: Edmund Ward, Alexis Kanner - Production: Alexi Kanner - Société de production: Kineversal - Robert Ménard (Vidêofilm) était assosicé au projet à ses débuts
Équipe technique - Costumes: Luc Le Flaguais, Diane Paquet - Décors: Will McCrow - Montage images: Alexis Kanner (sous le nom de Henry Lucas) – Musique: Michel Robidoux, Pierre F. Brault interprétée par l'Ensemble Claude Gervaise - Photographie: Paul van der Linden, Alexis Kanner - Prise de son: Richard Lightstone, Alexis Kanner
Infos DVD/VOD
Kings and Desperate Men n'a jamais été édité en format DVD, par contre, il a fait l'objet d'une édition VHS en 1989 (Magnum Entertainment). Disponible sur YouTube.