Films du Québec

Pays (Boundaries dans sa version internationale) est le second long-métrage de la réalisatrice et scénariste Chloé Robichaud (Sarah préfère la course présenté à Un Certain Regard au Festival de Cannes en 2013). Plongé dans des enjeux actuels faisant régulièrement les manchettes de l’actualité politique canadienne et québécoise, le film se veut comme une « fresque politique et humaine sur l’identité; une réflexion sur l’image des femmes et hommes de pouvoir. » L’assise politique du film donne l’occasion à Chloé Robichaud de dresser un portrait de trois femmes déterminées à faire valoir leur vision du monde. Fragilisées par l’équilibre instable qui régit leurs vies professionnelle et personnelle, ces battantes se démènent au quotidien contre le machisme et l’indifférence.

Coproduit avec la province de Terre-Neuve, Pays a été présenté en sélection officielle au Toronto International Film Festival (TIFF) le 10 septembre 2016, tandis que la première québécoise a eu lieu en ouverture du Festival de Cinéma de la Ville de Québec (FCVQ), quatre jours plus tard. Sa première internationale eut lieu le 9 octobre au BFI London Film Festival.

Chloé Robichaud durant le tournage du film Pays (photo Sébastien Raymond)

Entretien avec l’auteure

D’où est né l’idée derrière Pays ?

Je pense que l’idée s’est rapidement imposée à moi, vu mon intérêt pour les enjeux politiques, mais surtout pour ceux qui la pratique. Et approchant de la trentaine, j’imagine que je gagne en maturité et que je me positionne davantage en tant que femme, citoyenne, et réalisatrice. L’idée du film a ainsi évoluée, comme moi, sur une période de trois ans d’écriture et traite entre autre de mes questionnements sur notre affirmation citoyenne, dans un monde en plein changement, mais surtout sur notre volonté à s’émanciper au-delà des conventions.

Le film met en scène trois femmes de caractère, avec le monde politique comme toile de fond. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Même si la sphère politique fût longtemps strictement affaire d’hommes, les femmes y font maintenant leur place. Les statistiques nous prouvent toutefois, qu’encore aujourd’hui, moins de femmes se lancent en politique, comparativement aux hommes. Et c’est cette rareté qui m’a d’abord portée vers ces personnages féminins. Et puis une femme, autant prise par le poids des responsabilités qu’exige le métier de politicienne ou de médiatrice, doit revoir le stéréotype familial qui ne fût que récemment déconstruit. Et c’est justement cette déconstruction des modèles préétablis qui m’interpelle dans chacune de mes oeuvres.

Qu’avais-tu envie de laisser au spectateur avec ce film ? Que veux-tu que les gens retiennent ?

Pays aborde des notions propres à tout territoire, à savoir ses frontières territoriales, ses ressources, sa politique, ses citoyens, ses lois, ses paysages… Et le film cherche ultimement à révéler que ces mêmes notions sont au coeur de chaque individu. Les personnages du film cherchent à comprendre leurs limites, leur place, leur utilité au sein d’une communauté. Alors que chacun de nos personnages travaillent pour ce qu’ils croient bien pour le territoire qu’est Besco, ils travaillent inévitablement sur le développement de leur propre identité. J’ai envie que le spectateur puisse s’amuser devant le spectacle qu’est Pays, parce qu’il a été pensé comme un spectacle cinématographique. Du même coup, je serais heureuse que le spectateur soit agréablement déstabilisé par les réflexions que le film peut semer en lui.

Entretien publié dans le dossier de presse du film