Films du Québec

Roméo et Juliette réalisé par le comédien Yves Desgagnés (la lamentable comédie Idole instantanée) est une adaptation très libre de l’éternel drame de Shakespeare. Cette version urbaine québécoise ne conserve presque rien de l’oeuvre originale, en dehors des prénoms des amoureux et de leur destinée tragique.

Dans une entrevue accordée à Kevin Laforest du Voir, le réalisteur affirmait: J’ai voulu me débarrasser du théâtre pour garder ça plus cinématographique. J’ai remplacé de longs monologues par un plan, un silence. La beauté de cette histoire-là, c’est qu’elle est dans un contexte en opposition avec la fraîcheur de leur amour. Ce sont deux perles dans un tas de merde, ces enfants. Je dis enfants parce que Roméo et Juliette sont toujours joués par des acteurs trop vieux, mais Shakespeare avait imaginé que Juliette avait 13 ans et Roméo, 17 ans. Nous, Charlotte a 14 ans et Thomas avait 16 ans lors du tournage. Les jeunes comédiens Thomas Lalonde et Charlotte Aubin en étaient d’ailleurs à leur première apparition au grand écran.

Même si Desgagnés fait des pieds et des mains pour maintenir artificiellement en vie l’impossibilité de leur amour, l’échec des modèles parentaux proposés vient en saper les fondations. Sur le choix de sa dulcinée, quelle influence aurait sur son fils un père criminel et prisonnier séparé d’une femme qu’il a violenté ? Et que dire de celle d’un juge divorcé ayant perdu le contrôle sur son fils aîné ? Ces situations familiales reflètent bien la société québécoise moderne, mais elles n’exacerbent nullement l’aspect tragique de l’histoire, l’atténuant au contraire au point où Roméo et Juliette se transforme en drame de mœurs. (Canoé, Antoine Godin, 15 décembre 2006)

Souffrant d’un scénario absurde et de dialogues frôlant le ridicule, le film fut très mal reçu par la critique, l’extrait ci-dessus n’étant qu’un exemple parmi tant d’autres. Il obtint toutefois un beau succès populaire en salles (presque 190 000 entrées).