Micheline Lanctôt aborde dans ce film un thème qui lui tient à coeur, à savoir la souffrance des enfants laissés à eux-mêmes du fait de la détresse des parents, trop souvent dépassés par les événements. Un drame de société dont Mme Lanctôt s’est fait porte-parole (Association Premiers Pas). Tout comme sa dernière réalisation, Le Piège d’Issoudun, datant de 2003, la cinéaste s’attaque ici au drame familial.
Suzie a été tourné en novembre 2007 et était initialement prévu de sortir sous la bannière Christal Films Distribution, avant que celle-ci n’ait des problèmes financiers. Les droits de distribution du film ont été rachetés par Séville, et le film a finalement pris l’affiche au printemps 2009.
Notes de la réalisatrice
C’est un nocturne, un film de nuit, avec une texture contrastée et un rythme de blues, une cadence à deux temps qui martèle le désarroi des protagonistes. Une femme blessée, mutique, qui refuse les contacts; un enfant emmuré dans son monde, un couple qui se déchire et s’autoflagelle, ce sont des personnages de nuit, des personnages de crise et d’angoisse, et il ne s’agit pas de n’importe quelle nuit, mais de celle de l’Halloween.
Le personnage de Suzie est opaque, réfugié en lui-même, en marge d’un univers dans lequel elle a beaucoup de difficulté à prendre pied. Le monde qui l’entoure est à l’image de cette nuit où les citrouilles et les monstres surgissent au fil des événements, dans un climat d’angoisse sourde qui est celui de chacun des personnages confrontés à un épisode de folie passagère. Un univers d’une poésie païenne un peu macabre qui matérialise le sentiment d’exil intérieur qui habite Suzie et l’enfant.
Il faut se rappeler qu’à l’origine, (et ceci a persisté chez les Anglais) l’Halloween était un rituel assez violent. Le fameux « Trick or Treat » menaçait de représailles à la fois ribaudes et violentes le pauvre hère qui ne remettait pas le « treat » escompté. Ici, on fracasse encore les citrouilles et parfois les maisons ( le « trick ») pour le plaisir malfaisant d’honorer la tradition.
Les deux personnages principaux sont, pour des raisons différentes, habités par la même solitude intense. Ils se retrouvent devant leurs reflets face au grand Miroir de l’existence. La solitude de l’enfance incomprise et la solitude de la femme vieillissante liées dans une complémentarité étroite et ressemblante.
Le monde dans lequel on vit n’a plus de temps ni pour les enfants ni pour les vieux. J’ajouterai une dernière petite note : l’autisme me semble être la métaphore absolue du siècle nouveau. En cette ère de « cocooning », de repli sur soi, de glorification du moi et de la perte de solidarité, de pléthore de moyens de communication développés au détriment de la communication véritable, l’autisme exprime de façon pathologique l’angoisse que génèrent les exigences du monde moderne. Vitesse, surabondance de stimuli et d’information, compétition sauvage, individualisme exacerbé,fuite en avant, surconsommation compensatoire, devant un tel « ensauvagement », comment ne pas trouver comme l’autiste un refuge absolu en soi-même?
C’est là que Suzie et l’enfant se rejoignent et se comprennent.
Notes extraites du dossier de presse
Résumé
Suzie, c'est cette femme seule, chauffeure de taxi, qui ne s'est jamais remise du départ de sa fille, kidnappée par son père et emmenée au Maroc il y a presque trente ans. Elle calme ses angoisses avec ses parties de poker et son métier solitaire et nocture. Le soir de l'Halloween, Suzie retrouve sur sa banquette arrière un jeune garçon, abandonné là avec un billet de 50 dollars et une étiquette contenant une adresse. Suzie reconduit Bibi chez Pierre, son père, mais celui-ci refuse de le voir et de s'en occuper. Suzie retourne chez la mère du garçon, Viviane. Désespérée, sans aide et assumant seule les responsabilités d'élever cete enfant difficile, ne sachant que faire de cet enfant difficile, la mère semble incapable de s'en sortir. Lorsque que Pierre arrive à l'improviste, une scène de ménage éclate. Suzie emporte l'enfant avec elle...
©Charles-Henri Ramond, avril 2009.
Distribution
Micheline Lanctôt (Suzie) ; Gabriel Gaudreault (Bibi) ; Pascale Bussières (Viviane) ; Normand Daneau (Pierre) ; Arthur Gorishti (Fatos) ; Caroline Bouchard (Myriam) ; Marie-Yong Godbout Turgeon ; Fayolle Jean (le collègue chauffeur de taxi) ; Yvette Thuot ; Matt Holland ; Mélissa Flynn ; Lulu Hughes (constable) ; Jean-Marc Dalpé ; Suzanne Garceau ; Nathalie Malette ; Louis Fontaine ; Nanette Workman (la croupière)
Fiche technique
Catégorie : Drame psychologique - Origine: Québec, 2007 - Sortie en salles: 17 avril 2009 sur 5 écrans - Durée: 1h34 - Visa: 13 ans et plus - Budget approximatif: 1,1 M$
Réalisation et scénario: Micheline Lanctôt - Production: André Gagnon - Producteurs exécutifs: André Gagnon et Micheline Lanctôt - Société de production: Lycaon Pictus avec la participation de SODEC, Téléfilm Canada, Radio-Canada - Distribution: Les Films Séville
Équipe technique - 1er assistant à la réalisation: Pascal Elissalde - Conception sonore: Raymond Vermette - Direction artistique et costumes: Éric Barbeau - Direction de production: José Wilson - Montage: Aube Foglia - Musique: François Lanctôt, Claude Chapleau, Silex Creations - Photographie: François Dutil - Son: Simon Poudrette, Stéphane Bergeron, Raymond Vermette
Infos DVD/VOD
Suzie de Micheline Lanctôt est disponible en DVD au Québec - Date d'édition: 4 août 2009 - Distributeur: Paradox entertainment - Code UPC: 774212100741 - Suppléments: NC.