Tit-Coq est un mélodrame co-réalisé par le metteur en scène français René Delacroix (Le gros Bill, Coeur de Maman) et par le comédien et humoriste québécois Gratien Gélinas, sa seule participation à la réalisation d’un long métrage de cinéma.
Le film est une adaptation quasi intégrale de la pièce homonyme montée en 1948 par Gélinas et qui fut un grand succès sur scène dans tout le Canada. En 1973, la pièce avait plus de 500 représentations à son actif. Au cinéma, l’adaptation de la pièce est aussi un triomphe.
Le film fut élu meilleur film de l’année au Palmarès du Film Canadien. Tit-Coq relate l’histoire d’un orphelin de père et de mère inconnus qui se retrouve plongé dans un univers irréel à ses yeux, celui de la famille et de la normalité. Mais, les bonnes moeurs et la morale se chargent de le remettre à sa place. Tit-Coq se voit donc totalement dépossédé de son idéal. Au final, les impurs ne peuvent accéder à la bonne famille québécoise aux moeurs strictes.
Le film de Delacroix et de Gélinas peut donc être vu comme la toute première incarnation de l’anti-héros québécois dans le cinéma, un personnage bonasse, « né pour un petit pain », et à qui rien ne semble réussir. Mais c’est aussi un batailleur, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Rares d’ailleurs sont les personnages de l’époque à avoir cette rage à l’intérieur. Ceci n’avait pas manqué de satisfaire le jeune journaliste René Lévesque lors de la sortie en salles du film comme en témoigne le texte ci-dessous.
Réception critique
Enfin, ça y est. Au chant magique de ce Titi-Coq qui naguère nous apprenait le chemin du théâtre, le jour se lève à nouveau. Dieu ! que c’est passionnant – et nécessaire – de se reconnaître sur un écran. Et, tout à coup, de ne plus être simplement intéressé à titre documentaire ou ému par fraternité humaine, mais de se sentir touché au vif et comme flambant nu, violé par l’oeil d’une caméra.
Et barbares si l’on veut, il nous faut chanter à l’unisson, de nos voix mal assurées : Plus me plaît Lemelin que le dernier Goncourt. Et plus que C. Chaplin cet imparfait Tit-Coq.
Imparfait ? Assurément. Ce n’est pas un régal constant ni pour l’oeil ni pour l’oreille… Mais Tit-Coq est vivant, d’une vie rude, agressive. Dès la première séquence, il saute sur vous à bras raccourcis et trouve, en une heure et demie, toutes les « ouvertures » qu’il faut pour vous décocher une série de directs au plexus solaire.
René Lévesque dans L’Autorité, 28 février 1951 (cité par Anne-Marie Sicotte dans sa biographie Gratien Gélinas – La ferveur et le doute, p.308)
Le jeu de Gélinas, un peu raide à la scène, devient très risqué au cinéma. Au théâtre, il peut accentuer, buriner, il y est invité par cette distance qui sépare l’acteur du spectateur. Mais l’intimité du cinéma impose une plus discrète et plus subtile humanité – d’où, en particulier, l’importance des visages à l’écran. Celui de Gélinas est démesurément impassible : un masque. Et ses gestes venus tout droit du théâtre, semblent toujours un peu plus loin qu’il ne faudrait.
Le Devoir, 21 février 1953
Résumé
Après s'être battu en public avec Jean-Paul, le conscrit Tit-Coq se retrouve devant le commandant et le padre pour avoir entaché la réputation de l'armée. Mais il s'en sort et se retrouve exonéré de sa faute.
Peu après, Tit-Coq est invité à passer les fêtes de Noël dans la famille de Jean-Claude. Pour lui qui est orphelin, né du péché, se retrouver dans une vraie famille est un cadeau du ciel. Là , il y trouve le confort d'un vrai foyer, la présence rassurante d'un père et l'amour d'une mère. Mais il y trouve aussi l'amour de la belle Marie-Ange, la soeur de Jean-Claude.
Après les fêtes, il repart sur le front, en Angleterre. Mais le doute s'insinue en lui et les lettres à sa bien-aimée se font plus rares. Pendant ce temps, Marie-Ange est forcée par sa famille d'épouser un industriel local. Tit-Coq l'apprend et lorsqu'il retourne au Québec, il n'a qu'un espoir : reconquérir sa blonde.
Mais la famille de Marie-Ange, et le padre, font comprendre à Tit-Coq l'impureté de son entêtement. Tit-Coq n'a d'autre choix que de continuer sa quête d'une femme prête à fonder une famille avec lui.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Gratien Gélinas (Tit-Coq, Arthur St-Jean) ; Monique Miller (Marie-Ange) ; Jean Duceppe (Leopold Vermette) ; Fred Barry (M. Désilets) ; Paul Dupuis (Padre) ; Juliette Béliveau (Tante Clara) ; Amanda Alarie (Mère Desilets) ; Clément Latour (Jean-Paul Desilets) ; Denise Pelletier (Germaine) ; Henri Poitras (oncle Alcide) ; George Alexander (le commandant) ; Corinne Conley (Rosie) ; Henri Poitras (oncle Alcide) ; Maurice Gauvin ; Marcel Giguère...
Fiche technique
Genre: Mélodrame - Origine: Québec, 1952 - Sortie en salles: 20 février 1953 - Durée: 1h41 - Visa: Général - Tournage: 13 octobre au 14 novembre 1952 - Budget: 106 000$ - Box office: 300 000 entrées au cinéma.
Réalisation: René Delacroix et Gratien Gélinas - Scénario: Gratien Gélinas - Production: Gratien Gélinas - Producteur délégué: Paul Langlais - Directeur de production: Roger Garand - Société de production: Productions Gratien Gélinas - Distribution: France Films
Équipe technique - Musique: Maurice Blackburn ; Maurice C. Davis - Montage: Roger Garand ; Anton Van de Water - Photographie: Akos Farkas - Son: Marc Audet ; André de Tonnacourt - Décors: Michel Ambrogi Costumes: Maggy Ambrogi - Scripte: Irène Zerebko
Infos DVD/VOD
À notre connaissance, ce film n'est pas disponible en DVD