C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris hier la disparition de notre collègue Gérard Grugeau, critique de cinéma émérite qui a œuvré pendant plus de 30 ans à la revue 24 images. Gérard est décédé le 12 mars dernier, à l’âge de 74 ans, des suites d’une longue maladie.
Arrivé de France en 1976, où il avait suivi un parcours universitaire en études anglophones, Gérard est tombé dans la critique cinématographique un peu par hasard – comme beaucoup d’entre nous -, suite à des opportunités inattendues et des rencontres inspirantes. Ses premières critiques ont été publiées dans le bulletin du Cinéma Outremont en 1986. L’année suivante, il intègre la revue 24 images, au sein de laquelle il œuvrera jusqu’à tout récemment. Outre ses innombrables travaux d’écriture, il y aura occupé les fonctions de réviseur et, de 2015 à 2021, de secrétaire de rédaction. Il a également été, pendant plus de 35 ans, dialoguiste de doublage, traducteur – notamment pour le Musée des beaux-arts de Montréal – et rédacteur pour l’Office national du film du Canada (ONF).
J’ai eu le plaisir de le côtoyer à de nombreuses reprises, lors des visionnements de presse ou des réunions de l’Association québécoise des critiques de cinéma (AQCC). Nous nous étions perdu de vue depuis la pandémie, mais j’ai toujours gardé le souvenir d’un être charmant dont la grande érudition concernait autant les bons vieux péplums des années 1950, que les films de Manoel de Oliveira, d’Apichatpong Weerasethakul ou de Tsai Ming-liang.
Je n’oublie pas non plus son amour sincère pour le cinéma québécois d’auteur, pour celui de Gilles Groulx ou de Michel Brault. Son savoir était grand, mais il n’en faisait pas de cas; s’attachant surtout à « rendre compte de l’expérience intime que les cinéastes ont tissée entre les images et le monde » en se plaçant toujours derrière l’œuvre, jamais devant. Une humilité et une capacité à transmettre qui me manquent déjà, comme son sourire, ses yeux rieurs, et son indécrottable gentillesse.
Repose en paix Gérard.
