Nous venons d’apprendre le décès, à l’âge de 80 ans, de Jean-Claude Labrecque, l’un des pionniers du cinéma québécois, réalisateur de près de 50 films, dont plusieurs resteront à jamais gravés dans notre mémoire collective. M. Labrecque est décédé dans la nuit du 31 mai au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal.
Né le 19 juin 1938 à Québec, Jean-Claude Labrecque a tour à tour occupé les postes de caméraman, directeur photo pour les plus grands de notre cinéma, réalisateur, scénariste et producteur. Il nous lègue une filmographie plus qu’impressionnante qui fait figure aujourd’hui d’héritage essentiel. Témoin privilégié de son époque durant près de cinq décennies, M. Labrecque aura capté les événements politiques emblématiques de l’histoire contemporaine du Québec, tels La visite du général de Gaulle au Québec, le RIN, ou la défaite de Bernard Landry dans À hauteur d’homme. Et tant d’autres. Labrecque aura aussi été l’un des rares à suivre au plus près les courants artistiques et sociologiques. Que l’on pense aux Jeux de la XXIème olympiade, fait avec Jean Beaudin, Marcel Carrière et Georges Dufaux, à la captation les trois Nuit de la poésie (1970-1980-1991, coréalisés avec Jean-Pierre Masse) , ou encore à ses portraits d’artistes québécois emblématiques (Gaston Miron, Marie Uguay (1982), portrait attentif et attentionné d’une jeune poète qui sera arrachée à la vie, ou le docufiction André Mathieu, musicien (1993) qui relate la trajectoire du compositeur adulé, puis déchu, que le cinéaste est le premier à faire sortir de l’ombre. En une quarante d’oeuvres, il a gravé pour toujours les moments marquants de notre société.
Moins actif en fiction qu’en documentaire, Jean-Claude Labrecque a néanmoins marqué les esprits avec deux oeuvres marquantes du cinéma québécois des années 70. Son drame réaliste Les smattes sur l’insouciance de fonctionnaires ayant décrété la fermeture d’un village de la Gaspésie, le méconnu L’affaire Coffin (1979) qui revient sur une affaire judiciaire qui s’est conclue par la pendaison de Wilbert Coffin, condamné peut-être injustement pour le meurtre de touristes américains en 1953, sans oublier sa chronique intimiste Les vautours, largement inspirée de touches autobiographiques.
Jean-Claude Labrecque a reçu le Prix Albert-Tessier, en 1992 et a été été fait Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres par la France en 1993. En 2008, il obtient le Jutra Hommage, et reçoit l’Ordre national du Québec, la plus haute distinction remise par le gouvernement du Québec l’année suivante. Il devient membre de l’Ordre du Canada en 2010.
Vous pouvez voir une sélection de ses films, ainsi que Labrecque, une caméra pour la mémoire de Michel La Veaux sur le site de l’ONF.