C’est avec une grande tristesse que nous avons appris hier la disparition de l’acteur québécois Julien Poulin, décédé samedi de causes inconnues, à l’âge de 78 ans. Le fameux « Québécois d’expression canadienne-française », s’en est allé au panthéon des visages incontournables de la cinématographie québécoise rejoindre son copain Pierre Falardeau avec qui il avait créé l’éternel Bob « Elvis » Gratton.
Né à Montréal en 1946, Julien Poulin commence sur les planches avant de se tourner vers le cinéma. C’était en 1973, on le découvrait alors dans Tu brûles…. Tu brûles… de Jean-Guy Noël puis dans Réjeanne Padovani de Denys Arcand. Suivra une carrière de cinq décennies et riche d’une quarantaine de longs métrages de cinéma.
Bien entendu, Julien Poulin restera à tout jamais associé à Bob Gratton, fédéraliste inculte, fasciné par les États-Unis, les gros chars et Elvis Presley. Un personnage emblématique qui l’a suivi pendant plusieurs décennies, des courts métrages du début des années 1980 compilés dans un long cultissime (Elvis Gratton: le King des kings, 1989), à la série Bob Gratton: ma vie, my life, en passant par les suites Elvis Gratton II: miracle à Memphis (1999) et Elvis Gratton XXX: la vengeance d’Elvis Wong (2004).
Julien Poulin, c’est aussi une carrière au théâtre notable et des rôles marquants dans de nombreuses téléséries populaires comme Scoop, Virginie, L’Échappée, Les Bougon, C.A., Les pays d’en haut et Léo. Je me souviendrais longtemps de sa prestation dans Minuit le soir, grâce à laquelle j’avais découvert l’étendue de son jeu, pour laquelle il avait d’ailleurs avait mis la main sur un prix Gémeaux.
Au grand écran, on se souviendra de lui pour ses personnages sombres et parfois torturés, souvent des pères, qui lui ont permis de remporter deux Jutra ; celui de meilleur acteur de soutien pour Le dernier souffle de Richard Ciupka, en 2000, et celui du meilleur acteur pour Camion de Rafaël Ouellet, treize ans plus tard.
Parmi ses prestations notables, signalons La Gammick (1975), Lucien Brouillard (1983), Le crime d’Ovide Plouffe (1984), Le Matou (1985), Le party (1990), 15 février 1839 (2001), Monica la mitraille (2004), Séraphin : un homme et son péché (2002), Babine (2008) ou encore Paul à Québec (2015). Sa dernière apparition au grand écran est toute récente puisqu’elle remonte à 2022, dans le drame à suspense Arsenault et fils de Rafaël Ouellet.