La réalisatrice, productrice, scénariste et monteuse québécoise Mireille Dansereau a reçu le Prix Albert-Tessier 2022. Pionnière du cinéma des femmes au Québec, la lauréate a plus d’une vingtaine de courts, moyens et longs métrages de fiction et documentaires à son actif.
Mireille Dansereau est née le 19 décembre 1943 à Montréal. Elle a commencé sa carrière au cinéma avec Moi, un jour, court métrage présenté à l’Expo 67 à Montréal. Elle part ensuite faire une maîtrise en cinéma au Royal College of Art de Londres, en Angleterre, où elle réalise Compromise, récipiendaire du premier prix du Festival international du film étudiant à Londres, en 1969. De retour au pays, elle cofonde l’Association coopérative de productions audiovisuelles (ACPAV), qui produit son film La vie rêvée, premier long métrage de fiction réalisé par une femme au Québec (1972), plusieurs fois primé.
Par la suite, elle est invitée par Anne Claire Poirier à se joindre à l’équipe du programme « En tant que femmes » à l’Office National du Film (ONF). Elle réalise le documentaire J’me marie, j’me marie pas (1973), qui donne la parole à quatre femmes artistes pour évoquer la difficulté de concilier le mariage, la famille et la création. Suivront Famille et variations (1977), un documentaire sur l’évolution de la famille dans la société québécoise, ainsi que deux fictions réalisées dans le privé : L’arrache-cœur (1979), long métrage avec Louise Marleau abordant la relation mère-fille, importante dans l’œuvre de la cinéaste et Le sourd dans la ville (1987), adapté d’un roman de Marie-Claire Blais, qui obtiendra une mention spéciale à la prestigieuse Mostra de Venise.
Au début des années 1990, Mireille Dansereau revient au documentaire, avec Entre elle et moi, un film sur sa mère, Madeleine Dansereau, considérée comme la première joaillière québécoise. Quatre ans plus tard, elle réalise à l’ONF Les seins dans la tête, un documentaire sur la place qu’occupent les seins dans l’identité des femmes, menant ainsi une réflexion sur la relation des femmes à leur corps.
Son documentaire suivant, Les cheveux en quatre (1997), centré de nouveau sur le corps des femmes, est produit dans le privé. En 2000, elle revient à l’ONF pour réaliser L’idée noire, film entremêlant fiction, documentaire et animation pour aborder le suicide chez les jeunes. Son film le plus récent, le moyen métrage Vu pas vue (2018), explore encore une fois le thème du corps des femmes. Le film a été primé au Cinema on the Bayou Film Festival.
La cofondatrice de Réalisatrices équitables, entreprise qui défend la place des femmes dans le domaine du cinéma depuis 2007, est en outre à l’origine de films expérimentaux et novateurs, dont Les marchés de Londres (1996), créé à partir d’images tournées lors de ses études en Angleterre. Cette œuvre lui vaudra notamment d’être de nouveau invitée au Festival international du film de Venise et primée à Toronto.
Les Prix du Québec
Rappelons que les Prix du Québec constituent les plus hautes récompenses décernées par le gouvernement du Québec pour des individus s’étant démarqués dans les domaines culturel et scientifique. Parmi les prix remis, le prix Albert-Tessier est la plus haute distinction attribuée à une personne pour sa contribution remarquable au domaine du cinéma au Québec. Les disciplines reconnues aux fins de ce prix sont notamment la scénarisation, l’interprétation, la réalisation, la production, la composition musicale et les techniques cinématographiques.
En plus de l’hommage qui leur est rendu, les récipiendaires des Prix du Québec recevront une bourse de 30 000 $, une médaille en argent créée par une joaillière québécoise, un parchemin calligraphié et signé par le premier ministre et le ministre responsable ainsi qu’une épinglette en argent plaqué or.
Les autres récipiendaires des prix culturels 2022 sont :
- Michel Rabagliati, prix Athanase-David – Littérature;
- Madeleine Careau, prix Denise-Filiatrault – Arts de la scène;
- Charles Richard-Hamelin, prix Denise-Pelletier – Arts d’interprétation;
- Alain Fournier, prix Ernest-Cormier – Aménagement du territoire, architecture et design;
- Louis Mercier, prix Georges-Émile-Lapalme – Langue française;
- Lucie K. Morisset, prix Gérard-Morisset – Patrimoine;
- Alain Saulnier, prix Guy-Mauffette – Radio, télévision, presse écrite et médias numériques;
- Barbara Steinman, prix Paul-Émile-Borduas – Arts visuels, métiers d’art et arts numériques.