Quelques mots de Federico Hidalgo à propos de L’incrédule

À l’occasion de la sortie en salles de L’incrédule, un film sensible et bien construit, Federico Hidalgo a accepté de nous parler un peu de son troisième long métrage.

L’incréduleest le troisième long métrage de fiction de Federico Hidalgo, une comédie dramatique traitant du déracinement et de l’angoisse qui en découle chez un jeune couple, aidé dans sa condition de nouveaux arrivants par un couple plus âgé et déjà installé à Montréal depuis plusieurs années.

L'incrédule de Federico Hidalgo (Francesca Bárcenas et Claudio Cáceres ©Another City)

L’incrédule de Federico Hidalgo (Francesca Bárcenas et Claudio Cáceres ©Another City)

FQ : Quelles étaient vos intentions, quel message vouliez-vous livrer au spectateur?

Mes intentions étaient d’explorer l’insécurité, les doutes, et la tendresse de ces personnages. Ils sont arrivés ici dans des moments historiques très différents, mais ils partagent néanmoins une langue, certaines références culturelles, et une volonté forte de se reconnaitre dans leur nouvelle société. Ils vivent dans une incertitude profonde, même ceux qui ont passé beaucoup de temps ici. La confiance en soi manque, souvent. Et cela ne fait que nourrir, inévitablement, des préoccupations futiles et la sensation qu’ils existent dans un monde à part. L’adaptation est un processus très long, très intime, et très surprenant. La vie intérieure de ces personnages est sans doute très poignante, même si la situation qu’ils vivent dans ce film peut nous sembler assez absurde. J’aime le genre de film ou le ton est fluide et imprévisible.

Je ne voulais pas livrer un message, ni proposer une solution à un problème spécifique. Je suis conscient que dans mon film j’ai mis sur scène une vision très partielle et très particulière d’une situation (l’adaptation) vécue par des milliers de mes concitoyens. Je voulais créer une fiction, un espace de réflexion.

FQ : Comment est venue l’idée de la charuflauta?

Les personnages éprouvent une certaine nostalgie. Il leur manque quelque chose. Après quelques années de distance de leur pays d’origine, il n’est pas facile pour eux (ni pour moi) de décrire cette chose manquante avec précision, ni dans notre langue d’origine, ni dans notre nouvelle langue. De temps en temps, ou bien très soudainement, on veut croire qu’on pourra récupérer cette chose manquant par la voie de l’invention. Le mot «charuflauta» est ce genre d’invention. Cette chose manquante ressemble beaucoup à la confiance en soi… (l’authenticité, la crédibilité). Plus simplement, dans notre récit, la charuflauta n’est qu’un prétexte, qui va permettre ces personnages à se connaitre mieux et à faire preuve de sa bonne foi. Finalement, comme un mirage, ce mot va aussi les confondre et perturber.

FQ : Comme dans votre précédent film, on sent que l’immigration exacerbe la crainte envers l’autre et envers l’avenir. Qu’en pensez-vous?

Je trouve votre interprétation très intéressante. Je ne croyais pas que mes films parlaient de la crainte de l’autre, mais je suis prêt à le considérer. Je pensais plutôt parler de la crainte de perdre ce que nous étions, et de la méfiance envers ce que nous sommes en train de devenir. C’est bien la nostalgie que je crains, plutôt que l’avenir. En fait, ce sont des choses que nous pouvons éprouver en étant immigrants ou pas.

FQ : J’aimerais connaître le processus de production du film, je suppose qu’il a du y avoir beaucoup de défis.

Oui, il y a eu beaucoup de défis. Mais aussi beaucoup de solidarité et d’amitié. Ma liste de remerciements et très longue! Nous avons tourné en 11 jours. Le tournage était très bien organisé et j’avais fait des répétitions intensives avec les comédiens bien avant de commencer. Nous avons tourné dans mon appartement, grâce à la générosité de ma femme et mes enfants… Nous avons monté le film ensuite, et je l’ai sous-titré avant de le soumettre à la SODEC. C’est avec leur appui qu’on a réussi à finir le film beaucoup plus vite.

L’incrédule, à l’Excentris dès demain, le 10 août 2012.

L’incrédule – Québec, 2011 – Deux couples sud-américains vivants à Montréal décident de se lancer dans le commerce d’un remède miracle destiné à prévenir la mélancolie – Avec: Marcelo Arroyo, Marcela Pizarro, Francesca Bárcenas, Claudio Cáceres – Scénario et Réalisation: Federico Hidalgo – Production: Federico Hidalgo, Patricia Diaz – Distribution: Atopia

Ma note: 

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