ACTE 1
Un chanteur à l’eau de rose traverse un décor romanesque (Rufus Wainwright). Jean-Marc Leblanc rêve. Il est dans les bras d’une jeune actrice blonde (Diane Kruger) et prend une douche fictive avec elle. Jean-Marc emmène ses deux filles adolescentes à l’école dans sa Hyundai Accent. Jean-Marc est pris dans le trafic.
Rêve. Il reçoit le prix Goncourt pour son livre « Un homme sans intérêt » et baise Karine, la jeune et belle journaliste (Emma de Caunes).
Il prend le train avec un masque antipoussières, traverse des couloirs immenses et arrive – en retard – dans son cubicule gris d’un ministère absurde. Là , il passe ses journées à écouter des gens raconter leur vie plate, dramatique ou sordide. Et c’est lui qui, à la pause cigarette, raconte son mal d’amour à William (Didier Lucien) et Laurence (Rosalie Julien) une collègue lesbienne, sous la surveillance de la patrouille anti-tabac qui surveille les lieux.
Rêve: Jean-Marc est acteur de théâtre et dans son drame, sa cheffe de service Carole Bigras-Bourque (Caroline Néron), est enchaînée à un poteau et doit subir les affres d’un nègre déchaîné. À la fin de la pièce, il baise Laurence.
ACTE 2
Jean-marc va voir sa mère mourante à l’hospice. Et le soir venu, alors que Sylvie (Sylvie Léonard), sa femme agente d’immeuble, reste pendue au téléphone avec ses clients, il s’évade et se retrouve en compagnie de la belle blonde imaginaire, seule personne qui lui accorde encore un peu de réconfort.
Jean-Marc passe en commission disciplinaire, car il a osé utiliser le mot « nègre » envers William, mot qui a été banni, jugé non-mot par l’Office québécois de la langue française. Rêve: il se se transforme en samouraï et tranche la tête du responsable de la commission.
Ballade en forêt avec femme et enfants. Rêve : Jean-Marc passe à Tout le monde en parle, chez Ardisson, mais l’émission est supprimée et le rêve de Leblanc est brisé!
Nouvelle journée au bureau. Jean-Marc reçoit un professeur de secondaire en proie à des angoisses liées aux menaces de mort et aux exactions de Samnang, un jeune garçon, chef de gang, et traficotant de la drogue.
Rêve: Leblanc devient le chef du parti québécois. Il baise la journaliste. Sylvie gagne à la soirée de célébration des meilleurs vendeurs de l’agence. Autre rêve, sa femme se transforme en jeune blonde qui dédie son Oscar à Jean-Marc, son mari.
Le lendemain, Jean-Marc participe à un atelier de motivation donné par Humour Québec (Christian Bégin)… il va voir sa mère en proie à une crise de panique car la patiente du lit voisin vient de mourir. Rêve. Jean-Marc a un cancer. Description tragique de la douleur du docteur… « et finalement dans un an ou deux, vous aller crever comme un chien, c’est comme ça ». Continuation du rêve. Oraison funéraire de Jean-Marc (prêtre Michel Rivard). Il quitte sa mère et retourne chez lui. Sylvie part pour Toronto, pour suivre des cours de courtière agréée. Il s’engueule avec elle.
Rêve: Jean-Marc reçoit ses trois maitresses accompagnées de madame Bigras-Bourque, transformée en objet sado maso. Elles essayent en vain de remonter le moral de ce fonctionnaire provincial qui pleurniche parce que sa femme l’a larguée.
ACTE 3
Après le départ de Sylvie, il tente de communiquer avec ses filles, mais elles ne semblent aucunement touchées par cette nouvelle situation. Tout ce qu’elles veulent c’est que la nouvelle blonde de Jean-Marc soit cool. Au ministère, on refait les bureaux avec une conseillère en Feng-Shui.
Avec William son collègue, il participe à une séance de speed dating où il fait la connaissance de la comtesse Béatrice de Savoie (Macha Grenon), belle femme étrange vivant dans un monde médiéval totalement imaginaire. À la fin de la soirée, William a eu le match parfait avec Line (Véronique Cloutier); ils passent la nuit ensemble. Jean-Marc, lui, emmène sa dame de cÅ“ur prendre une infusion… car le café ça la rend trop nerveuse.
Dans le train de banlieue, une femme assise à côté de lui, discute d’hémorroïdes et veut entrer dans un groupe de contrôle de l’anus.
ACTE 4
Il retourne chez Béatrice, ils se déguisent lui en page, elle en comtesse. Ils partent alors dans un château médiéval où a lieu une reconstitution du duel de preux chevaliers afin de conquérir la main de la douce Béatrice. Un moine harangue la foule et l’ordonne de marché sur Jérusalem pour défendre la chrétienté. Prince Noir est décrété vainqueur et qui gagne la main de la belle. Mais Jean-Marc relève le défi et s’engage dans un combat à mort avec Prince Noir. Accidentellement, Jean-Marc blesse le Prince et parvient à repousser le mariage de Béatrice.
Puis les événements s’enchaînent pour Jean-Marc. Refus de la belle Béatrice de se laisser conquérir ; chantage à la fugue de sa fille aînée ; raz-le-bol de son métier et de la complexité de la vie qu’un système inadéquat ne peut aider ; mort de sa mère… Trop c’est trop. Il pète les plombs et emboutit la Chevrolet Cavalier d’un chauffeur en furie qui lui hurle des injures.
ACTE 5
En rentrant chez lui et retrouve Sylvie qui lui fait une scène… T’as réussi quoi toi dans ta vie? Lui lance-t-‘elle… Tu sais je pensais pas que ça pourrait m’arriver un jour, mais je pourrais te tuer… lui répond-il. Il quitte sa banlieue ordonnée et part s’installer au chalet de son père, une petite maison isolée du bord du fleuve. Là , il retrouve les trois femmes de ses fantasmes et met fin à leur relation. Rufus Wainwright refait son apparition.
Lentement, la vie de Jean-Marc bascule et se dissocie de celle qu’il avait avant. Il travaille un peu dans le jardin des voisins. Sa fille aînée lui apporte des vêtements et des livres, Sylvie ne sort pas de la voiture.
Sans un mot, Jean-Marc épluche les pommes qui finiront en compotes ou en confitures. Lentement, sans un mot, Jean-Marc réapprend les gestes simples d’une vie ordinaire. À la fin de sa tragédie, Jean-Marc a trouvé son apaisement.
© Charles-Henri Ramond, décembre 2007.