Conte musical léger malgré son propos alarmiste, drame psychologique empesé de bons sentiments et fable sociale sur la jeunesse autochtone, mes suggestions télé hebdomadaires s’ouvrent à la diversité des styles et des genres, laissent place aux imperfections et offrent une vision élargie de notre cinéma. Aucun des trois films ci-dessous ne laissera une marque indélébile dans les mémoires et dans le temps, mais j’espère qu’ils vous accrocheront suffisamment pour aller plus loin dans l’oeuvre de ces trois créateurs, essentiels à notre cinéma : Gilles Carle, Bernard Émond et Robert Morin.
Bonne semaine de cinéma québécois!
Jeudi
Fantastica
✰✰✰½ – Lorca est la vedette de la troupe musicale Fantastica aime Paul, le directeur. Elle est aussi amoureuse d’un idéaliste qui pourrait être son père… – Comédie musicale de Gilles Carle (1980) avec Carole Laure, Lewis Furey, Serge Reggiani – CinéPop, jeu 24 mars à 13h30
« J’ai voulu faire un film musical qui serait un plaidoyer pour quelque chose… la beauté, la poésie, la paix, les personnages marginaux contre la répression industrielle, l’architecture des institutions sans pour autant faire un film «musical» militant. J’ai donc demandé à Lewis Furey d’écrire un opéra miniature qui serait un peu comme un plaidoyer secret pour la liberté » – Gilles Carle cité par Patrick Schupp, Séquences : la revue de cinéma, n° 103, 1981, p. 32.
Vendredi
Contre toute espérance
✰✰✰✰ – Une femme dans la quanrantaine doit faire face à l’accident cardiaque de son mari et à la perte de son emploi – Drame psychologique de Bernard Émond (2007) avec Guylaine Tremblay, Guy Jodoin, Gildor Roy – Télé-Québec, ven. 25 mars à 23h30
Deuxième volet de la trilogie sur des vertus comme il ne s’en fait plus (la foi, l’espérance, la charité), Contre toute espérance n’a pas réussi à rompre avec la fatalité. Elle est ici présente sur plusieurs fronts et se dote d’une résonance contemporaine alarmiste : elle est à la fois maladie, stress, chômage et patronat. Au centre du drame se cache une téléphoniste au chômage, Réjeanne, retrouvée en état de choc dans un quartier huppé, tachée du sang de son mari Gilles, qui était depuis peu terrassé par la dépression à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Pour peu qu’il existe, Dieu envoie donc plusieurs malheurs sous le même toit. – « Gloire aux gens de peu de mots », par Nicolas Gendron – Ciné-Bulles, vol. 25, n° 4, 2007, p. 32-33.
Dimanche
3 histoires d’Indiens
✰✰✰ – Trois histoires étalées sur quatre saisons esquissent, pour le meilleur et pour le pire, les contours d’une nouvelle génération d’«Indiens» moins résignés que leurs parents – Drame de Robert Morin (2013) avec Shayne Brazeau, Erik Papatie, Shandy-Ève Grant – Unis TV, dimanche 27 mars à 22h
À travers ces portraits intimes représentant un ensemble plutôt qu’un cas isolé, Morin abat au passage quelques préjugés. Après Le Nèg’ ou Journal d’un coopérant il est donc naturel que Morin tente de remettre les pendules à l’heure sur des « Indiens » qu’il côtoie régulièrement. Sur la noirceur environnante d’un no man’s land trop réel, il laisse échapper une pincée de poésie divine, une goutte de revendication kamikaze ou un élan de ferveur communautaire. >> Critique complète.
Le film sera précédé d’une séance de courts métrages amérindiens comprenant entre autres le très beau L’enfant qui plantait des clous d’Isabelle Kanapé, du poétique Chevelure de la vie de Réal Junior Leblanc, ainsi que du drame Au nord du monde de Raphaël Bélanger.