Trois films fort différents au programme qui s’échelonnent sur plus de trente ans et qui marquent chacun à leur manière un aspect différent de la cinématographie québécoise. Symbole des grosses productions internationales en vogue dans les années 80, La guerre du feu (coproduit par Denis Héroux et John Kemeny), retrouve une seconde jeunesse à la télé se depuis qu’une version HD a été rendue disponible il y a quelques années. On reverra avec plaisir ce film atypique qui a beaucoup – et injustement – été questionné sur le plan historique. On n’oubliera pas que ce récit est basé sur un roman de 1911, et que sa véracité est au fond chose complètement illusoire.
À l’autre bout du spectre, on retrouve La mise à l’aveugle, production à petit budget de Simon Galiero qui porte un regard aimant sur les « petites gens » des quartiers populaires de Montréal, un peu comme on le voyait dans les comédies des années 70 (OK Laliberté par exemple) ou les films d’André Forcier (L’eau chaude l’eau frette).
Quelque part entre les deux, La vie secrète des gens heureux de Stéphane Lapointe, une tragi-comédie réussie qui nous montre l’envers du décor d’une famille en apparence modèle. Un autre qui puise ses racines dans les années 70, avec une référence toute particulière au film de Les beaux dimanches de Richard Martin, lui-même basé sur une pièce de Marcel Dubé.
Bonne semaine de cinéma québécois!
Lundi
La mise à l’aveugle
✰✰✰✰ – Une comptable licenciée décide de changer de vie et se laisse initier au poker par ses nouveaux voisins… – Comédie dramatique de Simon Galiero (2012) avec Micheline Bernard, Louis Sincennes, Christine Beaulieu, Marc Fournier et Julien Poulin – TFO, lun. 28 mars à 21h
Il y a des couleurs à la André Forcier ou à la Marcel Carrière dans le regard empreint d’humour et de tendresse porté par l’auteur sur ses personnages. Ce clin d’œil à un cinéma populaire québécois désormais oublié renforce l’originalité du film. Galiero réalise même le tour de force de faire revivre, dans une magistrale satire de l’arrivisme, la mythique vulgarité d’Elvis Gratton personnifiée par un Julien Poulin au mieux de sa forme, fait saillant mais non des moindres d’une galerie de portraits attachants incarnés par des comédiens peu connus qu’il est plaisant de (re)découvrir ici. >> Lire la critique complète
Jeudi
La guerre du feu
✰✰✰ – A l’époque de l’âge de pierre. Les Ulams, des Homo sapiens, savent conserver le feu mais pas le fabriquer. Lors d’une attaque surprise des Wagabous, leur foyer s’éteint. Privée de cette source de vie, la tribu est condamnée à disparaître. Naoh, Amoukar et Gaw, trois robustes guerriers, partent alors à la recherche du précieux élément. Ils vont devoir affronter le froid, la faim, les fauves et des cannibales (téléloisirs.fr) – Drame préhistorique réalisé par Jean-Jacques Annaud (coprod CA-FR – 1981 – 1h41 – Général) – CinéPop, jeu. 31 mars à 1h
La Guerre du feu mérite le déplacement. C’est une grande épopée dont la principale qualité vient du respect que manifeste ce film envers les données vérifiables de la science. Jean-Jacques Annaud a choisi un thème difficile à traiter par le cinéma: l’éveil de la conscience chez l’homme préhistorique. Il s’est inspiré librement d’un classique du roman d’aventure, le livre de J.H. Rosny Aîné. À travers la quête du feu perdu, le récit initiatique d’un homme découvrant l’amour et pressent que son espèce est appelée à de grandes réalisations. Là où le film mérite d’être questionné c’est sur l’efficacité même du récit. Il s’y passe des choses graves et lourdes de conséquence mais dont l’importance se trouve mal soulignée. À défaut d’une psychologie des personnages plus élaborée, on est forcé de trouver un peu simplet le message du film. C’est là où l’absence de sous-titres gêne un peu… (- Luc Perreault, dans La Presse du 12 février 1982, page C 14)
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Jeudi
La vie secrète des gens heureux
✰✰✰ – Tout semble se passer au mieux dans la famille Dufresne, sauf que le fils, qui vient de commencer une relation mal taillée avec la délurée Audrey, découvre que les apparences sont parfois trompeuses – Comédie dramatique de Stéphane Lapointe (2006) avec Gilbert Sicotte, Catherine de Léan, Anne Dorval, Gilbert Sicotte – CinéPop, jeu. 31 mars à 9h35
Rendons à César ce qui appartient à César: l’humour est ici de bon calibre. La mère qui mémorise l’encyclopédie en vue de participer à un jeu télé procure de bons effets comiques. C’est un peu comme si elle remplaçait les mystères de sa vie (son mari l’aime-t-elle encore? son fils va-t-il bien?) par des connaissances inutiles dans la vie courante. L’humour entraîne une rupture de ton qui déstabilise parfois. Le jeu télé est très drôle vers la fin, mais il retient toute l’attention, alors qu’on aurait aimé se concentrer sur le dilemme vécu par Bernard. (- Philippe Jean Poirier, Séquences : la revue de cinéma, n° 245, 2006, p. 34.)