Patrick Huard et Michel Côté dans le film Sur le seuil (Éric Tessier, 2003 – ©Alliance Atlantis Vivafilm)
Retour à la normale après un mois de mars surchargé pour cause de Gala. Au programme cette semaine, de l’horreur avec Patrick Senecal : Sur le seuil, un retour aux racines par Wadji Mouawad : Littoral et le drame de Polytechnique vu par Denis Villeneuve : Polytechnique.
Deux autres alternatives s’offrent à vous également : de l’aventure avec The Timekeeper de Louis Bélanger (2009), une histoire d’aventure dans l’univers brutal des constructeurs de chemin de fer. Même si beaucoup n’ont pas aimé, j’y avais pour ma part trouvé plusieurs atouts, même s’il faut reconnaître que l’interprétation du rôle principal manque cruellement de force. À revoir pour se rafraîchir la mémoire. (The Movie Network Encore) et la diffusion en primeur du film Ressac de Pascale Ferland, un drame familial situé en Gaspésie très rapidement montré en salles à la fin de 2013. (TFO lundi soir)
Bonne semaine de cinéma québécois !
Lundi
Sur le seuil
✰✰✰ – Un psychiatre se lance à la recherche des causes menant à des faits divers atroces. Un romancier suicidaire semble être le point central de ses recherches – Horreur d’Éric Tessier (2003) avec Michel Côté, Patrick Huard et Catherine Florent – CinéPop, lun. 4 avril à 4h20
Premier roman fantastique de Senécal, Sur le seuil est aussi l’Å“uvre la plus connue de l’auteur drummondvillois, surtout en raison de l’adaptation cinématographique qu’en a fait Éric Tessier, lancée en octobre 2003. Le récit raconte parallèlement l’histoire de Paul Laçasse, psychiatre blasé, qui se remet en question à l’orée de la retraite et qui, plus que toute autre chose, est confronté à l’improbable : son esprit de scientifique doit digérer la présence de phénomènes surnaturels dans son environnement. Voilà déjà un élément important dans l’intrigue, puisque deux forces sont en action : la raison de la science réagit aux excès qu’engendre le surnaturel… (Patrick Senécal, le maître du suspense québécois, par Steve Laflamme, dans Québec français n° 133)
Mardi
Littoral
✰✰½ – Un jeune homme part à la recherche de ses racines au Moyen-Orient – Drame psychologique de Wajdi Mouawad (2004) avec Steve Laplante, Gilles Renaud, Miro – Unis TV, mar. 5 avril à 13h et ven. 8 à 10h
Ce Littoral se déploie en de multiples dualités, comme si Mouawad tentait de poser pied sur les deux rives du Rubicon en même temps : le fils imagine le père par sa voix enregistrée sur des cassettes dans la distance et le passage du temps; on passe d’un Montréal tempêtant de neige aux paysages dévastés du Liban qui mènent ultimement à ce littoral où la dépouille paternelle sera « emmerrée ». La musique, omniprésente, est bardée de rythmes traditionnels libanais et d’échantillonnages urbains d’Amon Tobin, ce qui n’est pas surprenant lorsque l’on considère que Mouawad fait partie de cette génération en fin de trentaine, ouverte sur le monde, puisant ses influences dans l’interculturalité de la fiction, de la télévision, du théâtre et de la politique… (Littoral : mystère des origines, par Charles-Stéphane Roy, dans Séquences : la revue de cinéma, n° 234, 2004)
Dimanche
Polytechnique
✰✰✰½ – Retour sur le massacre de l’école Polytechnique survenu en décembre 1989. Le film relate les faits selon les points de vue du tueur et de deux étudiants – Drame de Denis Villeneuve (2009) avec Maxim Gaudette, Karine Vanasse, Sébastien Huberdeau – CinéPop, dim. 10 avril à 19h40
Au visionnement de Polytechnique, il est impossible de ne pas penser à Elephant de Gus Van Sant, référence incontestable lorsqu’il est question d’une fiction sur une fusillade en milieu scolaire. D’ailleurs, Villeneuve reprend le même canevas que le réalisateur américain en fragmentant le récit du film afin d’adopter différents points de vue; de même filme-t-il les personnages en faisant tournoyer la caméra autour d’eux. En revanche, Van Sant s’était donné une plus grande marge de manÅ“uvre en mettant de l’avant une interprétation toute personnelle de l’événement qu’il évoquait, ce qui n’est pas le cas du réalisateur québécois. En reproduisant le plus réalistement possible les tragiques événements du 6 décembre 1989, Polytechnique est un film fort qui mise sur l’angoisse, l’inconfort et la déstabilisation du spectateur pour le toucher, alors qu’Elephant était un film froid et pénétrant qui incitait à la réflexion. Chacun à sa manière tente d’exorciser le mal (par Stéphane Defoy, dans Ciné-Bulles, vol. 27, n° 2, 2009)
