D’année en année, durant la période des fêtes, l’amateur de cinéma québécois a du mal à passer à côté des classiques de l’ONF ou des films pour la jeunesse de la série Les contes pour tous. La semaine dernière c’était le chef-d’Å“uvre de Claude Jutra Mon oncle Antoine, cette semaine c’est au tour du célèbre Léopold Z de se faufiler dans la grille horaire d’AMI Télé. On y retrouvera avec bonheur Monique Joly, décédée il y a peu. À noter que le film sera suivi du court métrage L’âge de la machine, réalisé par Carle en 1978 dans lequel un policier se rend en pleine veillée de Noël de Montréal à Senneterre pour aller chercher un prisonnier un peu spécial. Avec Gabriel Arcand et Willie Lamothe.
Aussi au programme: Les corps célestes sur TFO de Carle toujours (lun. 21 décembre – 21h), l’inoubliable Bach et Bottine sur Télé-Québec (Ven. 25 décembre 20h et mer. 30 décembre 12h) ainsi que la comédie De père en flic sur Radio-canada (Mercredi 23 décembre – 20h)
Bonne semaine de cinéma québécois, on se retrouve de l’autre côté des fêtes !
Vendredi
Les portes tournantes
✰✰✰ – Grâce à quelques objets épars, un homme retrace le cours de la vie de sa mère alors qu’elle était pianiste au début du siècle – Drame de Francis Mankiewicz (1988) avec Monique Spaziani, Gabriel Arcand, François Méthé – UNIS TV, ven. 25 déc. à 21h, sam. 26 déc. à 15h, dim. 27 déc. à 4h
… évite les pires écueils propres à ces films tournés à la fois vers le passé de leurs personnages et vers le passé du cinéma et qui entremêlent plusieurs générations et plusieurs époques: confusion, lourdeur, etc. Ici, les passages d’un univers et d’une époque à un autre univers et à une autre époque s’effectuent avec grâce, sans heurt. À tel point que, après avoir fait pivoter les «portes tournantes» de la gare, pour se Antoine avec sa mère retrouver dans la rue à New York, suite à un long voyage en train, la brève confusion d’Antoine qui croit apercevoir dans la foule sa grand-mère rajeunie, nous paraît constituer une projection mentale plausible et une insertion diégétique tout à fait naturelle – Gilles Marsolais, 24 images
La vie heureuse de Léopold Z
✰✰✰✰✰ – Montréal, veille de Noël. Un déneigeur bonasse tente de concilier son ramassage de la bordée de neige avec l’achat des cadeaux pour la famille – Comédie de Gilles Carle avec Guy L’Ecuyer, Paul Hébert, Suzanne Valéry – AMI Télé, env. 25 déc. à 9h et à minuit, le 26 déc. à 15h et le 27 déc. à 20h
… Si vous examinez le film, il pourrait s’intituler : « La chronique de deux hommes désespérés ». Le patron n’appartient pas au patronat, il est un patron-prolétaire car il est sur le même pied que son employé. Ils ont entre eux des rapports de complicité en même temps que des rapports d’amitié. Examinez les séquences. Vous avez, par exemple, la séquence où Léo emprunte de l’argent à une compagnie de finances. Vous avez là une confusion des valeurs. Emprunter de l’argent, ça devrait être un acte rationnel, peu émotif, mais Léo fait un transfert des valeurs religieuses dans le domaine civil et se comporte exactement comme au confessionnel. Même son travail, d’une certaine façon, est aliénant. Léo et Théo sont toujours face à une réalité qui les dépasse et qui, il faut bien le dire, est une réalité coloniale. Les dépassent : la façon d’acheter les parfums, le comportement avec la jeune cousine, avec la femme qui est, à mon avis, très typique, très révélateur du comportement des Canadiens français. … – Gilles carle dans Séquences : la revue de cinéma, avril 1966
Dimanche
Starbuck
✰✰✰ – Un quarantenaire insouciant employé dans la boucherie familiale, découvre que ses dons de sperme ont engendré 533 enfants, dont 142 ont intenté des procédures pour retrouver leur père biologique – Comédie de Ken Scott (2011) avec Patrick Huard, Antoine Bertrand et Julie Le Breton – Radio-Canada, dim. 27 déc. à 20h
Starbuck peut à certains titres marquer un changement dans la représentation du mâle de chez nous, qui, même s’il a conservé certains traits adolescents, semble vouloir se prendre en main. Après la crise existentielle du trentenaire tel que dépeint par la nouvelle vague québécoise du début des années 2000, nous voici 10 ans plus tard avec l’homme désormais dans la quarantaine, qui a bel et bien décidé de pactiser avec son passé et d’en assumer les conséquences. Ken Scott démontre ici qu’en plus d’être un très bon scénariste il est un excellent réalisateur… > lire la suite