Heureuse surprise que ce deuxième film de Jean-Guy Noël. L’auteur de Tu brûles, tu brûles, prétentieuse parabole ancrée dans le misérabilisme, a accédé à une vision plus détendue et fait vivre des personnages auxquels on peut croire sans leur accrocher au cou les pancartes indicatrices de leur condition. Il s’agit de marginaux, serait-on tenté de dire, et pourtant non; ce sont plutôt des êtres singuliers et en même temps dépositaires d’une somme de frustrations et de rêves qui hantent le petit peuple québécois.
Notons d’abord que le surnom appliqué au personnage dans le titre n’est pas utilisé à l’intérieur même du film où c’est de Rémi Tougas qu’il s’agit. Ce sobriquet populacier désignant d’emblée un bravache inconséquent laisse deviner le ton de distanciation ironique adopté par le cinéaste. Mais l’ironie ici n’exclut pas la sympathie, une sympathie amusée et chaleureuse, tempérée de lucidité. Car si le réalisateur ne se pose pas en juge de ses personnages, il ne devient pourtant pas leur complice et sait nous présenter leurs incartades naïves sans tomber dans le piège de la condescendance.
Preuve de plus que l’esprit de création n’est pas lié à l’importance du budget et que l’invention et l’observation suppléent à bien des insuffisances techniques. Jean-Guy Noël a donc su profiter d’un premier échec pour opérer un heureux rétablissement; il s’est sans doute rendu compte que la première condition de réussite d’un cinéaste consiste en l’art de communiquer. En établissant un véritable contact avec ses personnages, il en a aussi établi un avec le public.
Texte de Robert-Claude Bérubé, paru dans Séquences : la revue de cinéma, n° 87, 1977, p. 27-34. Le texte complet est ici : http://id.erudit.org/iderudit/51234ac
Les films de la semaine
Cliquez sur le titre du film pour plus de détails.
- Le dernier tunnel (***) – Reconstitution de ce qui aurait pu être le casse du siècle de Marcel Talon, aux dépends du siège social de la Banque de Montréal – Suspense de Érik Canuel (2004) avec Michel Côté et Jean Lapointe – Ciné-Pop, lundi 16 septembre à 19h10 et mardi 17 à 8h20
- L’Apprentissage de Duddy Kravitz (***) – À Montréal dans les années 40, en plein coeur du quartier juif, un jeune homme ambitieux tente par tous les moyens de conquérir fortune et considération – Comédie dramatique de Ted Kotcheff (1975) avec Richard Dreyfuss, Micheline Lanctôt et Randy Quaid – CinéPop, mardi 17 septembre à 10h10 et 23h15
- Le marais (***) – Deux marginaux ont maille à partir avec les villageaois suite à la disparition d’une jeune femme – Conte fantastique de Kim N’Guyen (2000) avec Paul Ahmarani, Gabriel Gascon et Gregory Hlady – Ciné-Pop, mardi 17 septembre à 17h45 et mercredi 18 à 2h50
- Ti-Cul Tougas (***) – Réfugiés aux ÃŽles-de-la-Madeleine avec de l’argent volé, un musicien et son amie préparent une fuite en Californie – Comédie de moeurs de Jean-Guy Noël (1976) avec Micheline Lanctôt, Claude Maher et Suzanne Garceau – ARTV, mercredi 18 septembre à 13h05
- The Assignment (**) – La traque du plus important terroriste international – Action de Christian Duguay (1997) avec Aidan Quinn, Ben Kingsley, Donald Sutherland – Prise 2, jeudi 19 Septembre à 20h et vendredi 20 à 15h
- Karmina 2 (**) – Cet opus centre l’action sur Chabot et sa femme Linda qui a inventée une potion permettant de vivre en paix au royaume des vampires. Mais le couple bat de l’aile – Comédie de Gabriel Pelletier (2001) avec Gildor Roy, Yves Pelletier, Diane Lavallée – CinéPop, vendredi 20 septembre à 19h20 et samedi 21 à 8h10
Diffusions de nuit: un film annoncé à 1h30 du matin dans la nuit du samedi au dimanche est classé ici à dimanche et non à samedi.