Durant une bonne partie de l’année 2014, la planète cinéma québécois aura tourné autour de Mommy. Un prix du jury ex-æquo à Cannes, une sortie commerciale marquée d’un succès retentissant, tant en France qu’au Québec, et voilà Xavier Dolan érigé en véritable Dieu Soleil.
Pour le reste de la quarantaine de films sortis en salles, le buzz médiatique et le bouche à oreille des cinéphiles auront été plus que modérés. En dehors de Mommy, seuls quelques longs métrages sont suffisamment ressortis du lot de manière à générer l’enthousiasme critique et public. 1987 de Ricardo Trogi aura su allier les deux à sa cause, tandis que 3 Histoires d’Indiens de Robert Morin, Tom à la ferme de Xavier Dolan et Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur auraient aussi droit à l’accès au palmarès.
Du côté des documentaires, 2014 fut une grande cuvée. Plusieurs très bonnes propositions ont vu le jour, dont deux sont citées dans ce top cinq, avec une mention spéciale Bidonvilles, architectures de la ville future de Jean-Nicolas Orhon qui n’a pu être inclus faute de place.
Voici donc nos grands gagnants de 2014 :
5 – Rhymes For Young Ghouls de Jeff Barnaby
Dans sa face !
Ma note:Â
En plein milieu des années 70, devant l’inaction des adultes, une jeune autochtone s’élève contre l’omnipotence du représentant de la loi de la réserve, devenant ainsi le seul message d’espoir de son peuple. Tout en faisant parler la poudre de leurs canons, Jeff Barnaby et sa comédienne Kawennáhere Devery Jacobs parviennent à traiter de drogue, de désÅ“uvrement et de misère, sans jamais laisser la fatalité l’emporter. Il est bon de rappeler le succès important obtenu sur la scène internationale, sans doute une première pour un long métrage de fiction des Premières Nations. Un premier film très prometteur.
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4 – Que ta joie demeure de Denis Côté
Des machines et des hommes
Ma note:Â
À l’instar de Bestiaire sorti en 2013, Denis Côté se paye un délire à l’âge de la machine en visitant quelques « shops » de la grande région de Montréal. Ce faisant, il nous offre une métaphore sur l’aliénation de l’homme par le travail tout en exploitant avec un bonheur roublard le contrepied de l’art comme moyen de libération. Les grincheux diront bien ce qu’ils veulent, avec ces deux Å“uvres atypiques, Côté s’approche plus que jamais de ce que l’on appelle le cinéma. Et une liberté comme celle-ci, on aime !
>> Fiche détaillée et bande annonce.
3 – Miron, un homme… de Simon Beaulieu
Grand homme convoque grand hommage
Ma note:Â
Sans aucune image actuelle et entièrement réalisé à partir de scènes ou de chutes provenant de presque 100 films, ce collage échevelé est un vibrant hommage à la poésie en général et à l’immense Gaston Miron en particulier. Délaissant un moment les codes du documentaire traditionnel pour flirter avec le cinéma expérimental, Beaulieu nous offre avec Miron : un homme revenu d’en dehors du monde une Å“uvre particulière à ne pas manquer.
>> Voir le film.
2 – La marche à suivre de Jean-François Caissy
Entre quatre murs
Ma note:Â
Pour son troisième long métrage, Jean-François Caissy est retourné sur les bancs de l’école de son enfance, l’établissement Antoine-Bernard situé à Carleton-sur-Mer en Gaspésie. Avec une force évocatrice rarement vue dans le cinéma documentaire québécois récent, Caissy confirme les attentes suggérées par La belle visite en nous donnant une œuvre dont la beauté et l’originalité forcent l’admiration.
>> Bande annonce.
1 – Mommy de Xavier Dolan
On ne change pas
Ma note:Â
Une mère impuissante, un fils perdu et une voisine troublée : trois personnages à la dérive dans une société indifférente à la maladie ou au désespoir. Dorval, Clément et Pilon : trois comédiens inoubliables qui seront à coup sûr récompensés au Jutra 2015. Si le style reste très « dolanien » et que le film abuse encore de quelques tics maladroits, la vision de la société québécoise qu’il nous propose parvient à transcender sa propre valeur cinématographique. Sans aucun doute le film de l’année… et plus si affinités.