Voici le top 5 des films québécois de 2017 qui me resteront en mémoire pour avoir su se démarquer par leur audace formelle et aussi parce qu’ils représentent quelques exemples d’une industrie indépendance, parallèle, à qui on n’accorde pas toujours la visibilité qu’elle mérite. Dans une année écrasée par les suites à succès et les drames institutionnels, ces cinq-là proposent des voyages qui sortent vraiment de l’ordinaire.
Plusieurs de ces films sont déjà en DVD/VOD. Et n’oubliez pas que certains d’entre eux seront de nouveau sur grand écran lors des prochains Rendez-vous Québec Cinéma en février.
5 – Tuktuq (Robin Aubert)
3,5/5 – il faudrait garder le film de Robin Aubert en tête pour ne jamais oublier la réalité d’une région et d’un peuple exploité et déstabilisé par nos gouvernements successifs. Les documentaires sont nombreux à nous le rappeler, mais en cinéma de fiction, c’est bien plus rare. D’où l’importance de ce pamphlet salutaire qui s’inscrit parfaitement dans la filmographie exemplaire de Robin Aubert.
Infos et bande-annonce – Critique
4 – Mes nuits feront écho (Sophie Goyette)
3,5/5 – difficile de mettre en images l’impact de nos rêves sur notre comportement ou nos relations. C’est pourtant ce qu’a fait avec brio Sophie Goyette, qui signe un premier long évocateur et inspirant. On suivra attentivement l’évolution de cette auteure dans les années à venir.
Infos et bande-annonce – Critique
3 – Les arts de la parole (Olivier Godin)
3,5/5 – à l’instar de Nouvelles, Nouvelles, son précédent opus, Godin joue avec les codes du genre (ici le polar) pour mieux nous offrir un récit décalé, hors-norme, bien loin de la beigitude des choses. Ça chante du Faubert, ça sent le rigodon et la Neuve-France, et ça triture notre mémoire collective. C’est bancal par moments et ça peut paraître incongru, mais étant donné que des auteurs comme Godin on en a pas tellement, on les chouchoute.
2 – Les affamés (Robin Aubert)
3,5/5 – si le genre au Québec est assez peu prisé du grand public (encore faudrait-il nuancer beaucoup, mais là n’est pas le propos), souhaitons que ces zombies affamés de sang aient pu redorer le blason de la série B québécoise, intelligente et évocatrice, tout en restant très proche de nous. Le meilleur film de genre québécois? Très probablement. Et avec une confirmation: on peut faire ici du cinéma qui s’écarte des standards édictés par les américains (comme pouvaient l’être, entre autres, Sur le seuil, Le collectionneur ou La peau blanche dont l’appartenance à un style très formaté au sud de la frontière était évidente).
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1 – Ceux qui font les révolutions… (Mathieu Denis, Simon Lavoie)
4/5 – Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau est sans doute le film québécois le plus osé autant narrativement que visuellement. En tout état de cause, celui qui aura montré avec le plus de force qu’au-delà du consensus et de la bienséance de nos productions – y compris celles dites « d’auteur » – il peut exister autre chose. On avait presque oublié que cela se pouvait aussi au Québec. Alors, oui, on adore ou on déteste, c’est normal, mais on ne reprochera pas au tandem Denis/Lavoie de rester dans leurs souliers. Pour ma part, je ne m’en plains pas.
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Documentaires
Cités par ordre alphabétique : DPJ de Guillaume Sylvestre, une plongée humaniste dans un système étatique aux frontières de l’injustice et du sacerdoce, Gulîstan, terre de roses de Zaynê Akyol pour avoir su nous montrer une facette cachée de la condition féminine sans tomber dans l’horreur ou le sentimentalisme, Sur la lune de nickel de François Jacob, pour ses qualités narratives et ses images irréelles d’une contrée hostile sortie de nulle part, Tokyo Idols de Kyoko Miyake, pour sa vision extra-lucide des travers de la société du show-biz au Japon.